Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Conciliati­on de justice : simple, efficace et... gratuit !

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Ils viennent tout juste de fêter leurs quarante ans (1) ! Certains les voient comme des juges de paix, apparus à la révolution française et dont l’efficacité n’a jamais failli. Les conciliate­urs de justice sont, aujourd’hui, deux mille en France à traiter plus de 145 000 affaires chaque année et ces chiffres sont en constante et forte progressio­n. Mais qui sont-ils ? Bénévoles, indépendan­ts et tenus à la confidenti­alité, ces hommes et ces femmes tiennent leurs permanence­s dans plus de mille centres d’accueils sur tout le territoire (mairies, maisons de justice ou points d’accès au droit). Mais ce maillage est fort méconnu de nos concitoyen­s et ces conciliate­urs mériteraie­nt d’être plus connus de nos concitoyen­s car ces derniers s’adressent directemen­t aux tribunaux alors qu’ils ont près de chez eux tous les moyens de régler rapidement leurs litiges, quel qu’en soit le montant. Nommé par le premier président de leur cour d’appel (les Alpes-Maritimes et le Var dépendant d’Aix-enProvence), le conciliate­ur est assermenté : « Je jure de loyalement remplir mes fonctions avec exactitude et probité, et d’observer en tout, les devoirs qu’elles m’imposent. »

Quelles sont ses missions ? – Le conciliate­ur de justice doit permettre le règlement à l’amiable des différends qui lui sont soumis. Il est chargé d’instaurer un dialogue entre les parties pour qu’elles trouvent la meilleure solution à leur litige, qu’elles soient personnes physiques ou morales.

Quelles sont ses compétence­s ? – Il traite des problèmes de voisinage (bornage, droit de passage, mur mitoyen), du contentieu­x entre propriétai­res et locataires ou locataires entreeux ;desdiffére­ndsrelatif­sàun contrat du travail ; des litiges de la consommati­on, des impayés, des malfaçons de travaux, etc.

Quelles sont ses incompéten­ces ? – Le conciliate­ur n’est pas autorisé à intervenir dans des affaires d’état civil soumises à une rectificat­ion administra­tive ou judiciaire) ; de droit de la famille (pensions alimentair­es, résidence des enfants, etc.), qui sont de la compétence du juge aux affaires familiales et de conflits avec l’administra­tion (vous pouvez saisir le Défenseur des droits ou le tribunal administra­tif).

Quand le saisir ? – Rien de plus simple. Vous pouvez, avant tout recours à un juge, demander à un conciliate­ur de vous rencontrer afin de trouver une solution amiable à votre litige. Mais si vous avez préféré directemen­t saisir le juge, celui-ci peut procéder lui-même à la conciliati­on, ou déléguer à un conciliate­ur de justice le soin de mener celle-ci. Sachez qu’avant de trancher le litige, le juge se doit en principe de chercher à concilier les parties (article 21 du Code de procédure civile). Depuis le 1er juillet 2017, avant de saisir un juge, la conciliati­on est devenue obligatoir­e si le préjudice ne passe pas les 4000 €.

Comment le saisir ? – Pour une affaire jugée par le tribunal d’instance, vous pouvez demander une conciliati­on au greffe du tribunal compétent. Le juge peut alors décider d’une conciliati­on. Cette demande se fera soi en remettant ou adressant le formulaire 15728*01 au greffe du tribunal, soit en faisant votre demande verbalemen­t au greffe du tribunal. Cependant, si vous n’avez pas encore saisi le juge, vous devez écrire, téléphoner ou vous rendre à une permanence du conciliate­ur. Il existe 25 permanence­s dans les Alpes-Maritimes et 43 dans le Var (2).

Comment se déroule la réunion ? – Le conciliate­ur réunit les parties qui peuvent être accompagné­es d’une personne de leur choix (avocat, époux(se), concubin, etc.). Il peut également se déplacer sur les lieux de la contestati­on et/ou interroger toute personne qui lui semble utile, avec l’accord des parties. En lien avec le juge, il peut l’iinformer des difficulté­s qu’il rencontre mais ne peut pas révéler le contenu des déclaratio­ns, sauf avec l’accord des parties.

Combien de temps dure la conciliati­on ? – La durée initiale de la conciliati­on est de trois mois maximum. Elle peut être renouvelée une fois, pour une même durée, à la demande du conciliate­ur : par exemple, en cas de durée initiale fixée à 2 mois, la conciliati­on peut être renouvelée 2 mois. Le juge peut mettre fin à la conciliati­on, à tout moment, sur son initiative, celle du conciliate­ur de justice ou à la demande de l’une des parties.

Que se passe-t-il si un accord est trouvé ? – Si le conciliate­ur a été saisi par le juge, il doit l’informer par écrit de l’accord. Si la conciliati­on s’est engagée à la demande des parties, le conciliate­ur peut établir un constat d’accord signé par les parties dans lequel elles s’engagent l’une envers l’autre. La rédaction d’un constat n’est obligatoir­e que si la conciliati­on entraîne la renonciati­on à un droit.Un exemplaire du constat est remis à chaque partie. Le conciliate­ur de justice procède au dépôt d’un exemplaire au greffe du tribunal d’instance. L’une des parties peut soumettre le constat d’accord à l’homologati­on du juge d’instance afin qu’il lui confère force exécutoire, sauf si l’autre partie s’y oppose.

Que se passe-t-il en cas d’échec ? – Il arrive aussi que la conciliati­on débouche

Posez vos questions (une seule par courrier) à

sur un échec, notamment si l’une des deux parties n’est pas présente et si malheureus­ement les parties n’ont pu s’entendre sur un règlement amiable. Cependant demandeur et défendeur pourront toujours faire régler le litige par un tribunal.

Vous voulez en savoir plus sur la conciliati­on de justice ? – Nous vous invitons à lire le témoignage d’une conciliatr­ice, Hélène Erlingsen-Creste, qui raconte dans son livre (3) son quotidien depuis 2011 en vous livrant le meilleur de son journal qu’elle a tenu tout au long de ses nombreuses permanence­s. Dans l’anonymat le plus complet, elle vous détaille ce qui se passe au coeur d’une conciliati­on où des ennemis jurés commencent pas s’adresser la partole avant de se dire que « c’était bien bête toutes ces histoires ». Mais ça peut aussi se passer moins bien, chacun campant sur ses positions. C’est également une source d’informatio­ns très pratiques pour mieux régler vos p ropres conflits. Un ouvrage à mettre entre toutes les mains de ceux qui ne veulent pas se laisser faire tout en respectant la loi.

1. Décret n°78-381 du 20 mars 1978 relatif aux conciliate­urs de justice. 2. Liste disponible https://www.conciliate­urs.fr/Trouver-unepermane­nce. sur

3. « Défendez-vous grâce à la conciliati­on de justice », de Hélène Erlingsen-Creste, aux éditions du Puits fleuri, 220 pages, 22,50 € (en vente sur Internet : www.puitsfleur­i.com)

“Je Voudrais Savoir”, 214, bd du Mercantour - 06290 Nice Cedex 03

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