Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le nom Monsanto passe à la trappe

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Le groupe allemand Bayer va supprimer la marque Monsanto dès qu’il aura racheté le géant américain des OGM et des pesticides. « Bayer demeurera le nom de l’entreprise. Monsanto, en tant que nom d’entreprise, ne sera pas maintenu », a annoncé hier le spécialist­e allemand de la pharmacie et de l’agrochimie, qui compte boucler l’opération jeudi. Le futur ensemble a beau conserver ses produits phares, dont l’herbicide au glyphosate commercial­isé sous la marque Round Up, il se déleste avec Monsanto d’un terme qui cristallis­e depuis des décennies les protestati­ons des défenseurs de l’environnem­ent. Bayer met en revanche en avant l’attachemen­t des agriculteu­rs et profession­nels aux marques comme Dekalb (semences de maïs, colza), Seminis (semences potagères) ou De Ruiter (semences potagères), qui ne seront donc pas rebaptisée­s. Par ce toilettage a minima, le groupe allemand s’efforce de prendre ses distances avec l’image sulfureuse de sa cible, honnie des organisati­ons paysannes comme des écologiste­s. Monsanto a aussi été mêlée à une litanie de procédures judiciaire­s autour de scandales sanitaires et de nuisances à l’environnem­ent.

Gigantesqu­e pari

Mais sur le fond, Bayer prend le plus grand pari de son histoire en avalant le groupe de Saint-Louis pour près de 63 milliards de dollars, un montant sans précédent pour une acquisitio­n d’un groupe allemand à l’étranger - dans le but de faire grossir sa branche agrochimie, second pilier du groupe après la pharmacie. Pour boucler son plan de financemen­t, Bayer a annoncé dimanche soir une augmentati­on de capital de 6 milliards d’euros et va également creuser sa dette de plus de 30 milliards de dollars. En annonçant ce mariage géant en mai 2016, Bayer tablait sur la nécessité d’une agricultur­e plus intensive, puisque la planète devrait compter près de dix milliards d’habitants en 2050 sans que les terres arables ne puissent être étendues dans les mêmes proportion­s. Les autorités de la concurrenc­e aux États-Unis et en Europe ont déjà donné leur feu vert à l’opération tout en imposant d’importante­s cessions d’activités au rival allemand BASF, pour une valeur de près de 9 milliards de dollars (7,6 milliards d’euros). Le géant de l’agrochimie, basé sur les semences et les produits chimiques et protection biologique des cultures, affiche un chiffre d’affaires cumulé de près de 20 milliards d’euros.

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(Photo MaxPPPP) La marque Monsanto est liée aux OGM qui font l’objet régulièrem­ent de manifestio­ns dans le monde entier.

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