Var-Matin (La Seyne / Sanary)

De drôles de sirènes dans l’univers du Grand Bleu

Elles ne sont qu’une dizaine seulement en France. Elles se nomment Muriel, Violette, Géraldine ou Marine. Les femmes scaphandri­ères ont, pour la plupart, été formées dans le Var

- LY. F.

Si, depuis la nuit des temps, l’on conte les histoires de « vieux loups de mer », certaines « louves de mer » ont bien, elles aussi, marqué leur époque, bravé les préjugés et ouvert aux femmes l’accès abyssal jusqu’alors réservé à ces messieurs. Parmi les pionnières, Muriel Silvazlian, instructeu­r scaphandri­er sous-marinier (INPP), première femme française pilote de sous-marins civils (mission Jules et Jim -1 000 m/mission Spirit of Pacific-50m), capitaine 200 et sous-marin niveau 2. Un vécu dans la profession à en faire pâlir plus d’un. Récemment élevée au rang de chevalier de l’ordre du mérite, Muriel fait ses débuts dans les années 1980 à la Comex (Marseille) où, durant trois années, elle enchaîne les missions d’interventi­ons maritimes et sous-marines à bord du navire océanograp­hique Minibex où elle fait partie d’un équipage restreint et exclusif. « À l’époque, il n’existait pas de femmes ‘‘scaph’’ en France, il m’a fallu trouver une passerelle, je suis entrée à la Comex comme timonier. J’ai appréhendé tous les postes et gravi les échelons. À 26 ans, je faisais toutes mes plongées avec le président devenu mon mentor et ami Henri Delauze. Je lui ai dit : ‘‘Chef il faut que je passe pro ! ’’ Ce que j’ai fait. Un autre grand monsieur, PaulHenri Nargeolet (Ifremer), Muriel Silvazlian : « La récompense est là, quand vous êtes en harmonie avec vous-même, quand vous atteignez votre rêve, c’est une plénitude incroyable».

avec qui j’ai travaillé sept ans, me donnera l’opportunit­é de pénétrer dans le monde des sous-marins profonds. Participer à la mission RMS Titanic avec le Nautil, descendre à -1000 m pour apporter l’assistance de l’éclairage sur l’épave mythique, restera mon souvenir le plus palpitant. Les 1000 m c’est comme atteindre le Graal, on m’aurait accordé - 3000 m, j’y serais allé. »

Se faire sa place

« Ça n’a pas toujours été simple, confie-t-elle. À mes débuts, j’étais considérée comme une petite chose. Difficile de s’entendre dire ‘‘Les

femmes s’est sous la couette !’’ où‘ ‘Hey, vagin passe-moi la clé de 8 ! ’’ Il faut travailler deux fois plus et être ‘‘étanche’’ aux sarcasmes et à la dévalorisa­tion perpétuell­e. Par la suite, j’ai été appréciée et intégrée dans le milieu, à devenir une sorte de mascotte dont on prend soin. Je pense qu’aujourd’hui c’est différent pour la relève féminine de scaphandri­ères. » Actuelleme­nt, à plus de 50 ans, Muriel, la pionnière, nourrit un nouveau projet : celui de voir s’ouvrir au public un monde sous-marin d’un nouveau genre...

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Muriel Silvazlian, chevalier de l’Ordre du mérite pour son parcours en tant que pilote et scaphandri­er :
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(Photo DR) (Photo DR) « J’ai plongé avec mes héros ! » Plonger est un défi tant physique que mental.
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(Photo Ly. F.)

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