Claude Sérillon: «Les dernières années de De Gaulle ne sont pas les meilleures»
(1), homme. Ses proches en ont été gênés, ses biographes l’ont très peu traité... Pour moi, cela reste un geste inacceptable. Vous avez travaillé au côté de François Hollande à l’Elysée, vous écrivez des romans, la page du journalisme est-elle en train de se tourner ? Je fais encore de la presse écrite. Mais c’est vrai que ça a été un peu plus compliqué après mon passage à l’Élysée. J’en ai pris plein la figure. Aujourd’hui j’ai repris ce métier de manière moins « spectaculaire », mais je ne l’ai pas abandonné.
Pourquoi avoir accepté de rejoindre François Hollande ?
Je ne suis pas militant. Je n’ai jamais adhéré à un parti, mais c’est quelqu’un qui est un ami depuis très longtemps. Il m’a sollicité pour le rejoindre à l’Elysée et je ne me voyais pas lui refuser. D’autant que j’avais très envie de savoir comment ça se passait. J’ai donc pu participer, de plus ou moins près, à la vie de la République au plus haut niveau. Et ça, c’est un enseignement très intéressant. Compliqué,
violent, extrêmement ingrat, mais passionnant. Parce que ça amène à voir les choses de l’autre côté du miroir.
Et qu’y a-t-il donc derrière ?
Disons que ça permet d’avoir un regard plus mesuré sur le processus de la décision politique, sur le rythme d’une démocratie, sur le travail des médias aussi. Je me suis d’ailleurs parfois senti très mal à l’aise vis-à-vis du mode de fonctionnement de certains d’entre eux. Et puis au bout de deux ans, je suis parti parce que je sentais que je n’étais plus utile.
Vous avez été un intervieweur de choc. Qu’avez-vous pensé de l’interview d’Emmanuel Macron par Edwy Plenel et Jean-Jacques Bourdin ?
Je me garderai bien de dire ce qu’il faut faire, mais je dirais que ce n’est pas le type de journalisme que j’ai appris à pratiquer. Je fais partie de ceux qui pensent que la question posée est moins importante que la réponse. On peut être pertinent, reformuler ses questions, relancer son interlocuteur tout en restant dans le registre du questionnement. Là, je n’ai pas vu de questionnement : j’ai entendu des choses qui étaient du registre de l’édito ou du porte-parolat de l’opinion publique.
De De Gaulle à Macron, est-ce que l’on n’assiste pas à une évolution du statut symbolique du chef
(1) : « Un déjeuner à Madrid », Cherche-Midi éditions, 217 pages, 15 €.
A l’époque, on ne touchait pas au Général ”