Les « chevaliers » de la table longue
Pour rien au monde ils n’auraient voulu rater ce moment. Sans le maître Quentin, menuisier à bord du Charles-deGaulle de à , Adrian Augagneur et Gabin Combes, tous deux anciens élèves à l’École Boulle, l’unique porteavions français serait sans doute reparti pour vingt ans de service avec sa « vieille » table du commandant. Sollicité par le commandant de l’époque (l’amiral Vandier) pour rendre plus présentable « le vulgaire bout de bois posé sur deux tubes », le maître Quentin n’avait pas caché son impuissance. Mais il avait très vite soufflé l’idée de confier la réalisation d’une nouvelle table à un lycée professionnel. Paris étant la ville marraine du bateau, l’École Boulle s’est alors rapidement imposée comme une évidence. « Même si au premier contact téléphonique, le avril , le réputé établissement a d’abord cru à un poisson d’avril », s’amuse le maître Quentin. On connaît la suite. Elle est née dans l’esprit d’Adrian et de Gabin, les deux anciens élèves qui ont imaginé le pied de la table et son système d’allonges en portefeuille. Aujourd’hui entrés dans la vie active – Adrian travaille chez un ébéniste créateur à Londres, alors que Gabin pour une galerie d’art à Paris –, les deux concepteurs de la table ont été invités à la cérémonie d’hier. Et ils ne cachaient pas leur bonheur. « C’est émouvant de voir l’objet fini. Il est magnifique. Coup de chapeau à tous ceux qui ont donné forme à la table qu’on avait imaginée, et l’ont même améliorée. Ça fait vraiment plaisir d’avoir fait partie d’un projet de cette envergure ».