Tortues exotiques, fragiles et parfois dangereuses
Avec la découverte d’un reptile agressif chez des particuliers à Tourves, le village des tortues de Carnoules a rappelé les risques que représente l’abandon de certaines espèces dans la nature
Une tortue agressive capable de déployer en un éclair son cou et de broyer le doigt d’un humain. La description de cet animal pesant 10 kg, retrouvé il y a quelques jours chez des particuliers à Tourves, en a amusé plus d’un. Et pourtant, l’adjoint de direction du Village des tortues, à Carnoules, Stéphane Gagno, prend le cas très au sérieux : « Ça aurait pu mal tourner. On croit souvent qu’une tortue est empotée, mais c’est un animal malin. Il en existe plus de 360 espèces et beaucoup d’entre elles sont dangereuses. » Le reptile, une centrochelys sulcata omnivore « à grosse tendance carnassière », peut atteindre 60 kg et fait partie des animaux non domestiques dont la vente est contrôlée par l’État (voir par ailleurs).
Abandons fréquents
Bien souvent mignons jeunes, ces animaux non domestiques peuvent devenir très encombrants une fois adultes. Poussant parfois leurs propriétaires à les délaisser. Des abandons ou négligences fréquents, comme le relève Stéphane Gagno : « Nous sommes sollicités tous les jours par des personnes qui retrouvent des tortues ou veulent s’en séparer. En moyenne, nous recevons 200 demandes par mois. Nous avons 1 400 individus au Village des tortues, dont 90 % sont issus d’abandons. » Concernant la centrochelys sulcata, Stéphane Gagno dénonce une « aberration » qu’il a constatée par le passé : « J’ai vu, sur internet, une annonce de vente indiquant “tortue au look préhistorique facile à nourrir”. Des gens achètent des animaux sans savoir comment ils évoluent, c’est consternant », déplore-t-il.
Dangereux pour l’écosystème
Problème, l’abandon d’espèces exotiques dans la nature peut déséquilibrer l’écosystème dont elles ne sont pas originaires : « Le fait de relâcher ces animaux exotiques en milieu naturel constitue le 2e facteur de disparition des espèces locales. De plus, ça fait des géniteurs en moins dans les milieux d’origine de ces animaux », insiste Stéphane Gagno. Qui ajoute : « Dans le cas de la centrochelys sulcata, c’est inquiétant, car c’est une espèce qui est menacée. » Par souci de préservation, le Village des tortues continue de recueillir les animaux. Mais malgré l’agrandissement en cours d’un enclos, le refuge de Carnoules arrive à saturation de sa capacité d’accueil.