Les trous de mémoire du fratricide de Ste-Maxime
Ahmed Remada a dit à la cour d’assises qu’il n’avait aucune raison de tuer son frère aîné. Pour lui, le coup de fusil mortel est parti accidentellement. Mais il ne se souvient plus comment
Ahmed Remada, 48 ans, ne conteste pas être responsable de la mort de son frère aîné Radour, le 25 septembre 2015, sur la piste des Saquèdes à Sainte-Maxime. Mais selon lui il s’agit d’un accident. Il l’a répété en boucle hier, au premier jour de son procès devant la cour d’assises du Var à Draguignan. Un procès où il encourt trente ans de réclusion pour meurtre.
Mort sur la piste
« Jamais je n’aurais pu faire une chose comme ça. J’aimais mon frère. J’ai pas fait exprès. Le coup est parti. Je suis responsable. Mais je n’ai pas voulu donner la mort à mon frère. » Le jour des faits vers 18 heures, la police municipale de SainteMaxime avait relayé jusqu’aux gendarmes l’appel qu’elle venait de recevoir d’un promeneur, venu sortir son chien sur cette piste. Vers 17 h 30, il avait vu deux hommes près d’une Opel grise garée au sommet. Visiblement alcoolisés, l’un était armé d’un fusil de chasse et tous deux criaient. Inquiet, ce promeneur avait poursuivi son chemin, et avait entendu quelques minutes plus tard deux coups de feu espacés.
Mémoire soluble dans l’alcool
En montant la piste, les gendarmes avaient croisé Ahmed Remada, qui redescendait au volant de son Opel. À l’endroit indiqué, ils avaient découvert le corps de Radour Remada, 47 ans, qui avait été presque décapité par un coup de fusil dans la tête. Qu’était allé faire Ahmed Remada sur cette piste avec son frère ? Pourquoi avait-il emporté son fusil? Quel était le motif de leur dispute ? Combien de coups de feu ont été tirés ? « Je n’ai pas le souvenir de ce qui a pu se passer exactement. » «Pourquoi si peu de souvenirs », a questionné le président Guyon ? «L’alcool. Je buvais.»
Journée des témoins
Ahmed Remada avait été retrouvé à son domicile, au premier étage d’une résidence du centre-ville, où il s’était retranché. Après des négociations, il s’était rendu vers 20 heures, sans résistance. Très alcoolisé, il avait été placé en dégrisement. Et dans sa première audition le lendemain, il avait laissé entendre que son frère s’était suicidé. « J’ai menti, a reconnu l’accusé. C’était pour me déculpabiliser de la mort de mon frère. » Ahmed Remada a convenu que son doigt avait bien appuyé sur la détente de son fusil pour que le coup parte… « mais involontairement ». La cour entendra aujourd’hui les témoins de la dispute entre les frères, au sommet de la piste, et les voisins de l’accusé qui ont assisté à son retour à son domicile.