Var-Matin (La Seyne / Sanary)

«Il n’y a plus de séparation entre ma vie profession­nelle et ma vie politique »

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Au bout d’un an, est-ce que le mandat de député vous plaît ?

Oui. C’est passionnan­t. C’est un mandat unique parce qu’on a la responsabi­lité nationale sur les épaules, et en même temps, on a la responsabi­lité de l’applicatio­n de la loi et du sens que cette loi doit avoir sur le territoire. On fait le lien en permanence entre sa circonscri­ption et la Nation.

La vie d’un parlementa­ire correspond-elle à ce que vous imaginiez ?

C’est un mandat qui n’est pas très normé. Il n’y a pas de guide pour imposer une marche à suivre. C’est au député de construire la façon dont il mène son action parlementa­ire. C’est pour ça que certains se voient simplement comme des acteurs législatif­s et sont très peu dans leur circonscri­ption. Moi, je tente de trouver le bon équilibre pour allier le travail à l’Assemblée et celui sur le territoire. Je suis assez libre là-dedans.

Quelle a été pour vous la plus grande surprise ?

Je ne pensais pas que les concitoyen­s venaient taper à la porte du député pour les questions du quotidien. Il y a une capacité d’adaptation très importante à acquérir.

Quel souvenir fort gardez-vous de cette première année ?

L’entrée dans l’Hémicycle ! C’est prenant parce que c’est chargé d’histoire. Toutes les valeurs de la République prennent sens lorsque je pense que j’ai été élue et que, chaque fois que j’appuie sur le bouton « pour » ou « contre », ça va avoir un impact sur la vie des gens.

L’année dernière, à la même époque, vous étiez directrice de CFA. On imagine que votre rythme de vie a changé depuis ?

Quand je dirigeais le CFA, j’avais déjà beaucoup de travail et je faisais de la politique à côté. Ce qui fait bizarre, c’est surtout qu’aujourd’hui, il n’y a plus de séparation entre ma vie profession­nelle et ma vie politique.

C’est-à-dire que vous avez le sentiment d’être devenue une « profession­nelle de la politique ? »

Je fais attention à ne pas le devenir parce que, pour moi, c’est un gros danger de déconnexio­n avec la réalité. Je vois autour de moi des collègues qui basculent. C’est pour ça que je suis contre le cumul des mandats dans le temps. À un moment donné, il faut pouvoir retrouver la réalité du quotidien. C’est-à-dire un boulot, un patron… ou sa ville.

Au plan personnel, comment vous adaptez-vous ?

J’ai la chance d’être une jeune femme, sans enfant. J’ai une certaine liberté à passer autant d’heures que je veux sur les dossiers. Et du coup, c’est sûr que je passe moins de temps chez moi et que je dors moins. Le seul point pénible en fait, ce sont les trajets qui représente­nt du temps perdu et de la fatigue.

L’Assemblée à la réputation d’être un univers sexiste volontiers agressif. La jeune femme que vous êtes a-t-elle le sentiment que l’année « balance ton porc » a changé les choses ?

Je ne vis pas très bien la façon dont les choses se passent. Il n’y a pas une semaine où des collègues députés ne commentent ma tenue. C’est systématiq­ue et fatigant. Il a encore un grand pas à franchir.

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