Bitcoin : un investissement qui sème le trouble
L’attrait pour les cryptomonnaies peine à dépasser le cercle des fanas d’informatique. Décryptage par un passionné toulonnais et appel à la vigilance après une tentative d’escroquerie dans le Var
Les cryptomonnaies, vous connaissez ? Selon un sondage (1), 59 % des Français interrogés en ont déjà entendu parler. C’est loin derrière les Australiens (76 %) mais moins pire que les Algériens (45 %). En même temps, on n’a pas demandé aux Inuits ce qu’ils en pensent... Les cryptomonnaies défraient la chronique. Ne serait-ce qu’au regard de leur dénomination : l’Autorité des marchés financiers (AMF), le « gendarme » de la Bourse, refuse le terme de monnaie et parle d’actifs spéculatifs ne bénéficiant pas d’un cours légal, contrairement aux monnaies émises par les banques centrales.
L’ÉVOLUTION DU COURS DU BITCOIN SUR UN AN
La volonté de franchir les lignes
De ce fait, les crypto, dont le Bitcoin est l’exemple le plus connu, n’entrent pas dans le périmètre de supervision directe de l’AMF, ne peuvent être considérés comme des moyens de paiement au sens juridique du terme et ne sont donc pas non plus assujettis au cadre réglementaire relatif aux moyens de paiement. Mais c’est justement cette volonté de « franchir les lignes » qui attire les investisseurs. « L’idée, à terme, est justement de concurrencer directement les monnaies par le biais d’une nouvelle technologie, explique Yannick Tilly, 22 ans, étudiant en école d’ingénieur à Toulon et animateur d’un forum sur le sujet. Mon expérience, en tant qu’observateur, c’est qu’on peut trader à condition d’avoir “le nez dehors”, d’avoir des infos avant les autres. J’ai passé beaucoup de temps à la lecture d’articles spécialisés pour essayer d’anticiper les cours. Résultat : je me suis aperçu que ça ne marchait pas. Je connais deux - trois personnes, des amis d’amis, qui ont fait pas mal de bénéfice. Mais, mon avis, c’est que ça ressemble à un pari ou à prendre un ticket de loto. » Ceux qui ont eu le nez fin auront pu multiplier leur mise en Bitcoins par cinq, entre octobre et décembre 2017. Mais les cours des cryptomonnaies, particulièrement volatils, réagissent fortement à la baisse à chaque « cyberbraquage ». Ce fut le cas en janvier et à nouveau le 11 juin (-12 %) après le piratage d’une plateforme d’échange (vol de cryptomonnaies) en Corée du Sud. Depuis le 1er janvier, le Bitcoin a perdu 50 % de sa valeur.
Hors de tout marché réglementé
« L’achat/vente et l’investissement en Bitcoins s’effectuent à ce jour en dehors de tout marché réglementé. Les investisseurs s’exposent par conséquent à des risques de perte très élevés en cas de correction à la baisse et ne bénéficient d’aucune garantie ni protection du capital investi », rappellent l’AMF et l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), dont les centres d’appels sont de plus en plus sollicités par des épargnants à ce sujet. 1. Sondage Paypite, en partenariat avec YouGov, auprès de 5 235 personnes de cinq nationalités :Américains, Chinois,Algériens, Australiens et Français.