Porquerolles face à la pression touristique
Le parc national pilote une démarche capacité de charge, associant les collectivités décisionnaires et les acteurs du territoire. Elle vise à évaluer et maîtriser les pics de fréquentation
On a tous en tête ces photos du quai principal du port de Porquerolles noyé sous l’affluence touristique, ces plages de sable disparues sous des amas de serviettes et ces sentiers envahis par les piétons et les cyclistes, aussi fréquentés que l’autoroute des vacances. Comment faire pour trouver un bon équilibre et préserver, en même temps, la faune et la flore du parc national et la qualité de ses paysages, la tranquillité des îliens, l’économie touristique et la satisfaction des visiteurs? Bref, comment conserver ce que la charte du parc national définit comme le caractère de l’île ? Cela paraît compliqué. C’est pourtant le sens de la démarche «capacité de charge » lancée et animée par le parc national de PortCros aux côtés des principaux décisionnaires que sont la ville d’Hyères, la métropole Toulon Provence Méditerranée et l’État. « L’idée, explique Alain Barcelo, chef de service, c’est d’évaluer le mieux possible la fréquentation de l’île et de juger à partir de quand elle n’apporte plus rien, y compris au niveau économique. Il faut ensuite trouver les solutions pour éviter de rendre insupportable la vie sur l’île. » représentants des habitants, des usagers, des associations et des socioprofessionnels, a pour vocation « de donner des orientations, de produire de l’opérationnel ». Un volet scientifique complète la démarche. Cet été par exemple, un outil va permettre de mesurer et d’anticiper les pics de fréquentation en tenant compte de la météo, du calendrier, du risque incendie ou des données fournies par les professionnels du tourisme et par la TLV, la compagnie maritime qui assure le transport dans le cadre de la délégation de service public. La démarche capacité de charge dans son ensemble doit permettre « d’évaluer le rapport bénéfice/coût de la fréquentation touristique» à tous points de vue : environnemental, bruit, satisfaction des îliens et des visiteurs, économie… Cette évaluation s’appuie à la fois sur des données tangibles, économiques par exemple, mais c’est aussi une question de ressenti, forcément subjectif. « Certains vont bien supporter ce que d’autres trouvent inconcevable, résume Alain Barcelo. Il faut savoir à quel moment le touriste supplémentaire n’apporte plus rien, à quel moment au contraire, on risque d’avoir des gens déçus, des mauvais retours… »
Premières étapes
Une des premières étapes de la démarche a consisté à réunir le groupe de travail d’une trentaine de participants lors de quatre ateliers successifs. «On a volontairement travaillé sur des scénarios exagérés, ceux qui font actuellement l’objet d’une exposition dans le jardin à côté de la maison du parc, à Porquerolles », résume Alain Barcelo (1). Une île entièrement vouée au tourisme, une autre qui vivrait en autarcie, une île dédiée au bien-être… «Aucun scénario n’est souhaitable et ne fait l’unanimité: l’idée, c’était juste de mettre sur la table les avantages, les contraintes et les divergences des uns et des autres sur chacune de ces options. »
Un plan d’actions pour l’automne
Désormais, le groupe travaillera à déterminer un scénario