La basilique retrouve
Elles ont enfin retrouvé toute leur superbe. Après un relevage complet effectué par le facteur d’orgues Pascal Quoirin, les grandes orgues vont faire entendre leur sonorité retrouvée
Pierre Bardon n’a aucun doute, la relève sera assurée par son fils Jean Sébastien avec lequel il réalisera prochainement des enregistrements sur l’orgue.
De 1772 à 1774, Jean-Esprit Isnard a eu « un coup de génie » dans la construction de l’orgue saint-maximinois explique Thierry Semenoux technicien-conseil pour les orgues classés monuments historiques. Maître d’oeuvre du relevage achevé en décembre 2017, il a établi le programme de restauration auquel le facteur d’orgue Pascal Quoirin et son équipe ont oeuvré durant 3800 heures. Après un traitement minutieux des vrillettes, les mouvements mécaniques ont été revus et corrigés
un par un selon deux règles : les interventions n’ont pas porté atteinte à la matière et toute modification est réversible, 98,60% des 2 800 tuyaux sont d’ailleurs d’origine. Le plus heureux de ces travaux est peut-être Pierre Bardon, organiste titulaire de cet orgue depuis 1961 qui en vient à se demander si sainte Marie-Madeleine n’aurait pas oeuvré pour s’assurer que l’orgue demeure l’instrument de prestige régulièrement utilisé comme jadis. Son épouse aimait à le dire, sa seule rivale était cet orgue et
c’est avec une fierté immense qu’il avait déjà conclu le festival saint-maximinois il y a 27 ans.
Une légende
Demain, c’est avec un plaisir non-dissimulé qu’il participera au concert d’inauguration. Le président du festival d’orgue d’Aix-en-Provence Bernard Foccroulle, a déjà organisé des concerts à Saint-Maximin sur ce qu’il qualifie comme « l’un des instruments les plus précieux et mieux conservé en Europe, devenu une légende jusqu’aux Etats-Unis et au Japon ». Sa restauration « par l’un des meilleurs permet d’entendre l’orgue comme il y a 250 ans », cet instrument n’en reste pour autant pas figé dans le temps et « peut apporter quelque chose de spécifique à notre époque, être objet de création, faire entendre des sonorités que l’on n’aurait pas imaginées à l’époque ». Selon Brice Montagnoux directeur de l’institut d’enseignement supérieur de la musique Europe et Méditerranée, professeur d’orgues dans la classe ouverte au conservatoire de Provence verte, l’apprentissage de l’orgue dès 7 ans va apporter un nouveau public. À l’été 2020, l’idée de relancer une Académie d’orgue ouverte sur le chant, la composition pour accueillir des étudiants du monde entier pourrait se concrétiser afin d’aborder des pièces sur un instrument historique puisque tous s’accordent à dire que l’on apprend beaucoup de l’instrument sur lequel on joue.