Vécu : à km/h dans le siège passager
« Ça vous dirait, un tour du circuit avec un pilote ? »Ilest des questions qui n’appellent même pas de réponse. Je fais chauffer la gomme de mes Converse et file illico vers le garage Pirelli. C’est là qu’une poignée d’invités sont mis en condition avant d’embarquer pour les « Hot laps », des tours de circuit dans le siège passager. Visage poupon et large sourire, Phil Keen me tend une main énergique. À 34 ans, ce Britannique a roulé sa bosse dans différents championnats de GT. Il me présente avec gourmandise sa monture, une McLaren 570S bleue. Derrière moi, une attachée de presse glousse : « Je crois que ça va aller très vite... »
Roi de la glisse
Je comprends vite pourquoi. À peine installé dans le baquet de gauche de l’Anglaise, la poussée me colle au siège. Je regrette tout de suite de m’être engagé à faire une vidéo pour nos sites Internet. Iphone en main, je ne vois pas venir le premier freinage. Mes Converse freinent désespérément dans le vide. Pneus encore froids ou envie de jouer ? Phil Keen se transforme en roi de la glisse. Mon smartphone tremblote, mon estomac vacille. Dans la ligne droite du Mistral, les 570 chevaux de la McLaren se déchaînent. J’oriente l’Iphone vers le compteur de vitesse avant le gros freinage de la Chicane Nord. Déjà 260 km/h alors que la phase d’accélération n’est pas tout à fait achevée. Décidément, mon pilote n’est pas en mode touriste ! Le double droite du Beausset est avalé à vitesse supersonique, le virage de Bendor négocié dans un travers interminable. Le tour de manège s’achève (trop vite) avec une confirmation : le circuit Paul-Ricard revu est corrigé est vraiment aux petits oignons, à la fois spectaculaire, exigeant et rapide. Au fait, la vidéo approximative de mon tour de piste dure près de 3’. Ce midi, les F1 devraient tourner deux fois plus vite. On comprend pourquoi elles sont dépourvues de siège passager...