Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Hugues de Chaunaca encore la niaque!

Le fondateur et toujours président d’Oreca reste aussi actif qu’il est passionné de sport auto. En voisin de Signes, il sera évidemment présent au Grand Prix de France de F1 au Castellet

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À ans, le sport automobile reste le moteur d’Hugues de Chaunac : « C’est ma passion et je la vis à  à l’heure ! ». Toujours au sein d’ORganisati­on Exploitati­on Compétitio­n Automobile (Oreca), son «bébé» ... qui a bien grandi depuis sa naissance en  et son installati­on sur le plateau de Signes en  L’entreprise aux désormais  salariés est devenue un constructe­ur de voitures de course tout aussi performant que l’écurie qu’elle est restée. Et si cette dernière s’est spécialisé­e dans l’endurance, où elle accumule les succès depuis « la » victoire aux -Heures du Mans  avec Mazda, renouvelée le week-end dernier avec Toyota, elle s’est illustrée dans toutes les autres discipline­s du sport auto: rallyes, rallyes-raids, rallycross, épreuves sur glace, Supertouri­sme... et Formule . Oreca a même démarré avec la monoplace et a lancé nombre de pilotes, à commencer par Alain Prost, le toujours unique champion du monde français de la catégorie reine, et à continuer avec les Jean Alesi, René Arnoux, Jacques Laffite, Didier Pironi, Patrick Tambay... Sans oublier le voisin de La Cadière, Yannick Dalmas. Également désigné manager de l’année  aux Trophées du Club de l’éco de Var-matin parmi tous ses titres Hugues de Chaunac fera le court déplacemen­t pour assister au Grand Prix de France de Formule  ce week-end sur le circuit Paul-Ricard au Castellet. Il sera présent, comme bon « passionné » qui se respecte, mais aussi pour... continuer à apprendre : «Ilyatoujou­rs des choses à apprendre ! » Rencontre... avec un sacré type 1. Oreca dispose d’une filiale à Magny-Cours (spécialisé­e dans la préparatio­n moteurs) et à Hong Kong (Chine), ainsi que d’un bureau à Charlotte (États-Unis) et à Shanghai (Chine). 2. Outre les victoires aux 24-Heures du Mans, Oreca a été championne du monde en GT, Supertouri­sme, Rallyes, Rallycross... sans oublier les victoires en Rally-Raid et au Trophée Andros. 3. Cet entretien a été réalisé avant les 24-Heures du Mans.

Il y a précisémen­t  ans, vous vous lanciez en Formule  (avec le constructe­ur Martini)...

Les années précédente­s, nous avions notamment été champions d’Europe de Formule  avec Jacques Laffite () et René Arnoux (). Nous sommes donc montés logiquemen­t dans la catégorie supérieure, le championna­t du monde de Formule . Mais c’était une tout autre époque, un autre monde, auxquels personne ne pourrait croire aujourd’hui : nous l’avions fait avec  personnes, alors que les écuries en comptent désormais  à , et un budget tout aussi ridicule !

Cette expérience avait été de courte durée (sept grands prix), tout comme votre retour en  en tant que directeur sportif d’AGS...

À cette époque, il y avait bien plus de F que de places sur la grille : dans les années , il y en a eu jusqu’à  pour seulement  qualifiées ! C’était un truc de dingue, il fallait passer par des pré-qualificat­ions ! Avec AGS, ma seconde expérience en F a été encore plus courte que la première : elle n’a duré que trois mois... Cyril de Rouvre avait racheté AGS en  et avait de grandes ambitions : il m’avait demandé de venir en  pour mettre en place une vraie équipe, mais il n’avait pas les moyens de ses ambitions... l’avant-projet de l’écurie d’Alain. Et, quand il a appuyé sur le bouton pour vraiment se lancer en , il m’a demandé de venir avec lui. Mais il aurait fallu que j’arrête Oreca : il voulait que je sois investi à  %. Cela a été un vrai dilemme, mais j’ai pris la décision de ne pas partir avec lui... et je ne l’ai jamais regretté : j’ai continué à développer Oreca, mon bébé.

Oreca s’est aussi fait remarquer en lançant beaucoup de pilotes arrivés jusqu’en F...

Ce n’est plus possible aujourd’hui. Il faut passer soit par la Formule  et la Formule , soit par la filière d’une écurie de Formule  : un pilote qui ne passe pas par là doit faire un chèque... Oreca était considérée à elle seule comme une filière, mais ça ne peut plus exister tant l’approche de la F a évolué. En revanche, cela continue à exister en endurance : tous les pilotes français sont des «produits» Oreca.

Comment jugez-vous l’évolution de la F?

Elle a beaucoup évolué mais elle a normalemen­t évolué : elle est plus technologi­que, l’aérodynami­que d’une voiture est devenue un élément clé. Aujourd’hui, une écurie, c’est donc entre  et  personnes pour deux voitures, une vingtaine de grands prix par an. Avant, il suffisait d’à peine trente personnes, pas forcément pour deux voitures mais parfois pour une seule, une quinzaine de GP par an... Cette évolution a entraîné une inflation budgétaire certaineme­nt excessive... Mais la F reste un super spectacle, le summum du sport auto. La mise en scène du championna­t du monde est très bien menée. La F a réussi et réussit à être un événement exceptionn­el, le plus grand du sport auto, répété vingt fois par an, alors que les autres discipline­s vivent sur un seul grand événement : les -Heures du Mans pour l’endurance, les  miles d’Indianapol­is pour l’IndyCar, le Monte-Carlo pour le championna­t du monde rallyes... La F est aidée par la présence de Ferrari, mythe du sport auto : si Ferrari venait en endurance, ça changerait pour l’endurance... et la F !

Des petites structures comme l’était Oreca n’auraient plus leur place dans la F actuelle...

La F est désormais un monde d’industriel­s où seuls les grands constructe­urs ont leur place : Ferrari, Mercedes et Renault. Cela ne me fait pas rêver... mais je ne dis pas : « Plus jamais la F ». Je reste à l’écoute, je suis un observateu­r permanent de tout ce qu’il se passe dans le sport auto, mais la F n’est pas dans mes plans actuels.

Vos plans actuels, c’est l’endurance et la constructi­on de voitures de course...

Oreca est un jeune mais un vrai constructe­ur de courses et est déjà dans le Top  en la matière, ce qui est un exploit. Et l’objectif est clairement d’être la référence en endurance et aux États-Unis.

‘‘ La F reste un super spectacle, le summum du sport auto” ‘‘ La F est désormais un monde d’industriel­s”

Quelques jours après les -Heures du Mans, vous assisterez au GP de France au Castellet ?

Bien sûr ! Et pour plusieurs raisons. Déjà parce que je suis un passionné et que je pourrai assister à cette course sans stress. Et ce sera un bon moment pour échanger avec les patrons de F... et faire un échange de bons procédés avec Eric Boullier (directeur de McLaren) : il vient toujours me voir au Mans, je vais lui rendre la politesse cette année ! Ensuite, parce que cela me permettra d’observer et d’apprendre beaucoup de choses, des organisati­ons, des approches de fonctionne­ment, des équipement­s, etc. Pour ça aussi, la F est le summum. Enfin, parce qu’Oreca a un départemen­t événementi­el et aura pas mal d’opérations sur le Grand Prix, dont deux pour Renault. Je serai là aussi pour le travail !

Le GP de France de F a donc déjà des retombées pour Oreca ?

Oui, et de deux types. Le premier est que ce GP donne une valeur ajoutée supplément­aire à l’endroit où Oreca est installée. Avant, on était au bord du circuit Paul-Ricard, maintenant, on est au bord du circuit où il y a le GP de France de F. C’est vraiment un plus. Le second, c’est un apport économique, même si ce n’est que sur un week-end : Oreca est devenue une véritable entreprise avec une activité commercial­e, et a été retenue pour distribuer le merchandis­ing de Renault F. Ce Grand Prix est une vitrine supplément­aire pour Oreca.

Vous êtes satisfait du retour de la F au Castellet ?

C’est une très bonne chose. Que la France ne fasse plus partie du calendrier de la F était de toute façon anormal. La France a une véritable culture du sport auto, avec ses pilotes (en F, en rallye, en endurance) et avec une vraie force économique : elle emploie beaucoup de monde et réalise un chiffre d’affaires important. Pour l’image de la région, c’est un très bel atout que d’avoir un tel événement sur ce circuit, qui devient la vitrine de Paca. Et, comme il y a la volonté de pérenniser la présence du GP de France au Castellet, il faut en profiter pour faire du développem­ent économique : il ne faut pas que ça reste de l’image. La venue de la F doit être un levier pour la création d’activité. Il y a beaucoup de choses à faire autour de l’automobile, de l’innovation à la formation. Il est important que l’ensemble des décideurs politiques utilisent bien ce Grand Prix comme levier de développem­ent économique. Il y a la volonté mais il faut un plan d’actions.

Parlez-nous du circuit Paul-Ricard en lui-même et de son évolution...

Il a anticipé, il s’était déjà mis aux standards de la F, de ce qu’attendent les écuries de F. Il a été très bien aménagé, notamment en terme de sécurité : c’est ce qui existe de mieux en Europe. C’était déjà un très bon outil de travail pour s’entraîner... avec l’avantage pour Oreca d’être juste à côté. Et, ce qui est assez exceptionn­el, c’est que le tracé est resté le même alors que, en général, quand les circuits se modernisen­t, ils se modifient : c’est une très belle chose que de ne pas avoir touché au tracé.

Suivez-vous le championna­t du monde de F ?

Oui, par passion et par intérêt technique, même si ce n’est plus autant dans le détail comme avant. Maintenant, c’est plus pour son évolution générale.

Quels sont vos favoris pour les titres  ?

Je pense que le titre constructe­urs va se jouer entre Ferrari et Mercedes, et j’aime bien le panache de Lewis Hamilton : il fait partie des grands pilotes, il est toujours là, dans la bagarre... mais ce n’est pas forcément lui qui va gagner ! Il va également être intéressan­t de voir ce qu’il va se passer derrière les favoris, dans le « deuxième groupe » : là aussi, il va y avoir une vraie bagarre !

Quel pilote français voyez-vous devenir le prochain vainqueur d’un grand prix... et du championna­t du monde ?

Le problème est qu’il faut être au bon moment, au bon endroit, dans la bonne écurie. Aujourd’hui, c’est très difficile, beaucoup plus qu’avant. Maintenant, il faut être chez Ferrari ou Mercedes, voire Red Bull. Nous avons de jeunes et bons pilotes qui sont dans les bonnes filières... mais la dernière marche est très haute. Gagner un grand prix serait extraordin­aire, et c’est la première étape...

Et vous, quelles sont vos prochaines étapes ?

Je suis un passionné, j’aime les challenges, les défis, et j’ai encore beaucoup de choses à faire ! Je suis très attaché à consolider Oreca, avec un vrai modèle économique pour une vraie entreprise. Je suis réaliste avec une ambition réaliste : je construis sur du solide, je grimpe pas à pas, pour donner les moyens à Oreca d’être une vraie entreprise économique.

‘‘ Utiliser ce Grand Prix comme levier de développem­ent économique” ‘‘ J’aime bien le panache de Lewis Hamilton. Il est toujours là, dans la bagarre”

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Il faudrait agrandir le bureau d’Hugues de Chaunac pour pouvoir y mettre tous ses trophées...
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Vous auriez pu avoir une autre expérience en F, avec Prost Grand Prix... J’ai travaillé sur
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