Yannick Dalmas l’as du volant et du guidon
Le Toulonnais de naissance a grandi au Beausset, à côté du circuit Paul-Ricard, et s’est lancé dans la compétition moto avant de devenir pilote de F1 et champion du monde d’endurance
Du motocross aux -Heures du Mans, en passant par l’enduro et la Formule , Yannick Dalmas était un pilote éclectique. Et à succès. Le Toulonnais de naissance ( ans) a notamment remporté les « h » à quatre reprises... et reste le seul à l’avoir fait avec quatre constructeurs différents : Peugeot en , Porsche en , McLaren en et BMW en ! Mais le champion du monde d’endurance s’est aussi illustré en monoplace avec un titre de champion de France de Formule avec Oreca en ... devant un certain Jean Alesi, ou une place au GP d’Australie en F avec Larrousse. Après avoir remporté les -Heures de... Beaune (en cc) en ou avoir été dans le« top en enduro »etdansle« top en motocross », au niveau national. L’enfant du Beausset, désormais établi à La Cadière, est désormais « passé de l’autre côte de la barrière », devenu pilote conseiller et commissaire sportif du championnat du monde d’endurance mais aussi ambassadeur de BMW. Mais Yannick Dalmas est toujours aussi éclectique et reste un observateur avisé de la F en voisin du circuit Paul-Ricard, dont il parle à merveille. Alors, à lui la parole.
Comment avez-vous « basculé » de la moto à l’auto ?
La moto était la discipline dans laquelle je voulais percer. Après quelques mois d’entraînement, j’ai rapidement baigné dans un milieu semi-pro ou professionnel. J’ai donné le maximum... et je me suis très souvent blessé : j’ai passé quelques semaines dans différents hôpitaux durant ma jeunesse et ça m’a marqué ! J’ai grandi au Beausset, à côté du circuit PaulRicard, que j’ai vu naître et où j’ai très longtemps été spectateur : ma chambre était tapissée de posters de pilotes de F, notamment de François Cevert, même si je ne rêvais pas de faire de la F. Et, en , alors que j’allais avoir ans, mon père a participé à une course de voitures historiques dans le cadre du GP de France de F au Castellet et a gagné dans sa catégorie. Quand je suis allé avec lui dans les paddocks chercher son trophée, j’ai croisé François Cevert, il s’est arrêté, nos regards se sont croisés, il m’a fait un sourire et cela m’a vraiment ému. C’est une image forte qui est restée en moi.
Est-ce que cela a été déclencheur des années plus tard ?
Je ne sais pas, certainement... même si j’ai découvert le volant Marlboro par hasard, en : j’ai remplacé mon cousin, malade, et j’ai gagné la sélection et la finale alors que je n’avais jamais roulé un tour sur un circuit ! Et j’ai eu la chance d’avoir pour partenaires jusqu’en F la Ville de Toulon, le conseil général du Var et l’association Var game, créée par Jacques Bianchi (désormais président de la Chambre de commerce et d’industrie du Var), pour soutenir des sportifs comme aussi le joueur de tennis Fabrice Santoro, les pilotes moto Raymond Roche et Thierry Magnaldi...
Entre la F et l’endurance, votre coeur a-t-il balancé ?
À mon époque, la F était accessible et j’ai fait les résultats avec les moyens que j’avais... mais je suis arrivé à un moment où je ne pouvais pas faire mieux, où j’avais vraiment fait le maximum. Et j’ai été contacté par Jean Todt pour le projet de Peugeot en endurance avec la : cette aventure, ce n’était certes plus de la F mais cela a été fantastique, notamment avec la victoire aux -Heures du Mans et le titre mondial en . C’est quelque chose dont un pilote ne peut que rêver ! D’ailleurs, j’ai fait une pige de deux GP en F en pour Larrousse, mais cela ne m’a pas convaincu même si la voiture était bien... Je n’ai pas brillé en F comme en endurance mais j’ai aimé l’endurance, les courses longues, le travail partagé de l’homme avec son équipe, cette notion de symbiose, le côté physique, mental, stratégique...
N’auriez-vous pas aimé gagner aussi en endurance avec Oreca, à qui vous devez votre ascension jusqu’en F ?
S’il y a une mission qui n’a pas abouti, c’est celle-là, avec Oreca en et aux -Heures du Mans, où nous avons abandonné... C’est très dommage car j’aurais aimé boucler la boucle avec Oreca...
Comment avez-vous vécu vos deux GP de France de F au Castellet en avec Larrousse, en avec AGS) ?
(e e Enfant, j’étais émerveillé par la F au Paul-Ricard mais j’étais très, très loin d’imaginer que j’en serais un jour : cela m’a permis de voir le chemin parcouru. Ce furent des émotions particulières : en étant « à domicile », il y avait une pression supplémentaire mais positive. J’ai été heureux et fier de voir des images de drapeaux français même si c’était après coup... et même s’ils étaient pour Prost (à chaque fois vainqueur) !
Vous devez être ravi du retour de la F au Castellet...
Pour moi, il était impossible qu’il n’y ait plus de GP de France, peu importe où. Que ça revienne ici et pour cinq ans, c’est fabuleux ! On peut rendre hommage à Christian Estrosi et au circuit Paul-Ricard. C’est vraiment fabuleux : cela va avoir de nouveau lieu sur une piste mythique et c’est économiquement important car cela fait travailler une région.
La F a bien changé depuis que vous en étiez un pilote...
Les voitures ont énormément et même complètement changé. Même si je suis plus un homme d’endurance que de F, je pense que l’homme doit revenir sur le devant de la scène en F.
Le circuit Paul-Ricard a bien changé aussi...
Le site a connu une évolution extraordinaire, sans dénaturer le circuit, beaucoup plus structuré : on n’y entre plus comme dans un moulin à vent comme avant... où c’était notre terrain de jeu !
Quels sont vos pronostics pour le GP de France et le championnat ?
Hamilton et Vettel vont encore être là. Après, s’il y avait un Français dans le top , ce serait superbe... et fabuleux si c’était sur le podium ! Mais ça ne va pas être simple... Ça me fait déjà plaisir qu’il y ait trois pilotes français et un monégasque : il faut les soutenir ! C’est super ce qu’ils font ! Pour le championnat, c’est bien que Ferrari soit revenu au contact de Mercedes, mais la saison est encore longue et tout peut basculer d’une course à l’autre.
À quand un Français vainqueur d’un Grand Prix... et du championnat du monde ?
Imaginons qu’Esteban Ocon intègre Mercedes, imaginons que Charles Leclerc intègre Ferrari, imaginons que Pierre Gasly intègre Red Bull... ce ne sera plus la même chose ! Je connais Romain Grosjean, j’ai un peu parlé avec Esteban Ocon et Pierre Gasly, je ne connais pas Charles Leclerc : ils sont dans un entourage positif et j’espère qu’ils ne se perdront pas. Je souhaite qu’ils aient vraiment l’opportunité d’intégrer un top team, de montrer leur valeur et de gagner !
‘‘ Il était impossible qu’il n’y ait plus de GP de France, peu importe où”