Var-Matin (La Seyne / Sanary)

La voix de la passion

Tout le week-end, le Cannois Claude Julian sera derrière son micro pour faire vivre au plus près la course et ses à-côtés. Un poste stratégiqu­e pour cet inconditio­nnel de la F1

- VINCENT WATTECAMPS

Les spectateur­s ne verront pas son visage. Mais au bout de ce long week-end automobile, sa voix résonnera longtemps dans leurs oreilles. Claude Julian, 70 ans et plus de 1400 épreuves au compteur, aura une nouvelle fois la mission de faire vivre la course au micro. Tombé tout petit dans le carburateu­r comme d’autre dans la marmite de potion magique, le Cannois vit et respire sports automobile­s. « Mon appartemen­t est rempli de livres sur ce sujet. Je dois en avoir 800. Je collection­ne aussi toutes les coupures de presse depuis 1960. »

Payé en bons d’essence

Une passion née dès l’enfance, quand il suivait sa mère employée à l’Action automobile sur la course Paris-Londres. Mais de là à penser, un jour, devenir speaker officiel sur des grands prix... « C’est arrivé un peu par hasard. Petit, c’est vrai, j’écoutais toute la nuit la retransmis­sion des 24-Heures du Mans en prenant des notes. Je m’étais même confection­né un PC de course, confie-t-il. Je me souviens aussi avoir acheté du matériel d’enregistre­ment pour prendre des sons lors du Grand Prix de Monaco. Juste comme ça, pour le plaisir. » Plus tard, présent sur toutes les courses régionales, il prend au débotté le micro lors de la course de côte de la Roquette, à Nice. « À l’époque, on était payé en sandwiches et en bons d’essence ! » C’était en 1974, et Claude ne lâchera plus jamais le « mic ». Karting, WRC, historique, et même quelques courses cyclistes... Mais c’est la Formule 1 et surtout le Grand Prix de Monaco - il en a 33 à son actif - qui l’ont fait connaître auprès du public. Il aura pourtant fait une infidélité à son GP favori cette année. « Je tenais absolument à être présent ce week-end pour le retour du Grand Prix de France. J’ai donc passé mon tour sur Monaco cette fois-ci. »

Deux mois de travail

C’est que pour tenir 135 000 spectateur­s en haleine pendant trois jours, il y a beaucoup de boulot à effectuer en amont. « Cela demande environ deux mois de travail. Il faut constammen­t être au courant de l’actualité, des petites choses qui peuvent intéresser les spectateur­s. Là, par exemple, on annonce qu’Esteban Ocon aura un nouveau casque. On verra... Même si les pilotes sont les mêmes d’une année sur l’autre, il y a pas mal de choses à vérifier. Car je m’adresse aussi bien aux néophytes qu’aux spécialist­es. Et ils n’hésitent pas à venir me voir quand je me trompe ! » Secondé par son « facilitate­ur de vie » Jean-Charles Laurence, Claude Julian n’aura pas, cette fois, à monter en haut d’une tour et à subir les affres de la chaleur pour faire vivre la course. C’est en face de la tribune principale, au frais et devant ses trois écrans de contrôle, qu’il prendra la parole. En rêvant d’un final à la Panis, dernier vainqueur français d’un grand prix (à Monaco, en 1996). « Si ça arrive ce week-end, je ferai en sorte d’enflammer les tribunes. Ce serait magique ! Même si je n’y crois pas trop. » Mais le rêve est permis. Claude Julian, en tout cas, fera tout pour le faire vivre le plus longtemps possible...

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(Photo Dominique Leriche) Si son comparse Gilbert Bourguigno­n sera du côté des animations, Claude Julian, lui, assurera les commentair­es des courses.

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