Ma madeleine de Prost

C’est l’histoire d’un gamin qui frissonnait à la seule lecture des panneaux indiquant le circuit PaulRicard. Celle d’un minot qui, au coeur de ses « grandes vacances », guettait le hurlement des douze cylindres déchirant le ciel de Provence à travers le grillage du circuit varois. Pour le plus grand bonheur de ses petites oreilles, sur lesquelles il a pourtant dormi sans peine voici quinze jours devant un Grand Prix du Canada au moins aussi soporifique que ces étapes de plaine du Tour de France, taillées pour les siestes estivales. Un truc totalement impensable à l’époque où le gamin demandait à son père de le réveiller en pleine nuit pour assister aux fameux duels que se livraient Senna et Prost sur le tracé de Suzuka au Japon. Mais il faut dire que les temps ont changé. L’enfant a grandi, un peu, vieilli, beaucoup. Et puis Senna s’en est allé et les cylindres qui faisaient vibrer ses tympans ont été réduits de moitié. Et pourtant, ce frisson qui le traversait à l’approche du circuit Paul-Ricard semble comme revenir avec ce retour du GP de France. Peut-être que le rouge de Ferrari, si vif en  pour la e victoire de la Scuderia en F, ne s’est pas totalement estompé. Peut-être que Vettel et Hamilton font de biens beaux champions. Peut-être que ce circuit est tout simplement à part. Peut-être que les années Prost ressurgissent ici mieux que nulle part ailleurs. Peut-être que… Allez, une chose est sûre, à l’approche des pancartes indiquant le circuit PaulRicard, le petit garçon, devenu presque grand, refuse aujourd’hui de tomber dans le panneau de la nostalgie, du passéisme et finalement du « c’était mieux avant ».