Naval Group: l’avancement des ouvriers d’État inquiète
La République et Naval Group méprisent-ils les ouvriers d’État du groupe d’industrie militaire ? C’est, peu ou prou, la question que se pose l’intersyndicale de l’exDCNS, composée par la CGT, l’Unsa et la CFDT. La raison? Une remise en cause de l’avancement de ces ouvriers par un arrêté du 30 décembre 2016 et un autre du 20 février 2018.
Moins postes
« Quand la Direction des constructions navales (DCN) est devenue une société privée avec des capitaux publics, en 2003, le “pacte social” était le suivant : les ouvriers d’État mis à la disposition de la société privée ne touchaient pas de primes d’intéressement et leurs salaires étaient gelés, mais ils avaient un taux d’avancement supérieur aux autres ouvriers d’État, qui travaillaient dans les ministères », détaille Richard Roméo Giberti, secrétaire général CGT de Naval Group Toulon. Jusqu’à la mise en place de ces fameux arrêtés, qui alignent les taux d’avancement de tous les ouvriers d’État. «Pour nous, il passe de 20 à 13 % », continue Roméo Giberti. Concrètement, les ouvriers d’État de Naval Group pouvaient auparavant espérer passer dans une catégorie supérieure « au bout de six à huit ans.» Et maintenant ? « En 2018, trente-trois nouveaux postes devraient être créés à Toulon, contre cinquante-trois l’an dernier. En clair, on dit à des personnes de 40 ans qu’elles n’évolueront plus. On demande au moins dix postes de plus pour 2018, soit une augmentation de la masse salariale de 5 000 euros ! », continue le leader cégétiste. Un « surcoût» que Naval Group pourrait, selon les syndicalistes, largement assurer. « C’est le groupe qui rembourse l’État pour nos salaires, et l’an dernier Naval Group a distribué 57 millions d’euros de dividendes à ses actionnaires », peste l’intersyndicale.
Réunions
Hier, une réunion s’est tenue entre les plus de trois cents ouvriers d’État du site toulonnais (sur les 2200 salariés), les représentants syndicaux, la direction de l’antenne toulonnaise de Naval Group et un responsable national des ressources humaines du groupe, afin de tenter de trouver une solution. Les ouvriers ont bloqué l’entrée de l’Arsenal trois quarts d’heure, histoire de… Du côté de Naval Group, on assure que les ouvriers d’État relèvent du ministère des Armées et que l’arrêté du 20 février est « d’application stricte ». Mais que, à la suite d’une réunion nationale avec les organisations syndicales le 11 juin, « la direction générale s’est engagée à adresser un courrier au ministère des Armées pour la prise en compte des caractéristiques des personnels mis à disposition à Naval Group ». Une réunion sur le sujet est prévue le 25 juin au siège de Naval Group avec les organisations syndicales.