Var-Matin (La Seyne / Sanary)

La F des champs

Loin du glamour du GP de Monaco, le Grand Prix de France se vit plutôt au camping. Ambiance sous les pins du Castellet

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On a tendance à associer la Formule 1 aux plus grandes marques du luxe. Si c’est une réalité, surtout à Monaco, c’est également un rien réducteur. Tous les inconditio­nnels de la discipline reine du sport automobile ne roulent pas en effet dans des voitures arborant une étoile à trois branches ou un cheval cabré. Pour vivre pleinement leur passion et assister au Grand Prix de France, qui se courra ce dimanche au Castellet, ils sont nombreux à avoir opté pour le camping voisin du circuit, plutôt que les palaces alentour. Drapeau rouge flottant sur le toit de leur camping-car, Ugo, Carlo et Francesco affichent la couleur de loin. Sans surprise, les trois tifosi n’ont d’yeux que pour la Scuderia Ferrari. «Juste les voitures. Les pilotes, c’est optionnel », lâche Francesco, le plus sérieuseme­nt du monde. Et ce n’est pas le halo apparu cette année sur les Formule 1 qui lui fera changer d’avis. «Ça me fait penser un peu à mes tongs, mais ça reste une Ferrari », plaisante-t-il.

Forza Italia

Les trois amis n’en sont pas à leur premier grand prix. « Ça fait vingt ans qu’on suit les courses un peu partout en Europe. Avant de devenir adulte, on y allait avec nos pères respectifs », raconte Ugo. À leur tableau de chasse, ils ont déjà épinglé Spa-Francorcha­mps, en Belgique, le Grand Prix d’Autriche, Monza et Imola en Italie. Et donc Le Castellet, cette année. Ils ont même déjà programmé de se rendre à Budapest pour le Grand Prix de Hongrie l’année prochaine! Et toujours au volant de leur camping-car. « L’ambiance au camping est super. On n’a peut-être pas de champagne pour fêter la victoire de Ferrari, mais on a de la bière et de la grappa italienne. On n’a pas à se plaindre », répondent en coeur Ugo, Carlo et Francesco. Pour Jean-Charles, Eric et son fils Jérôme, installés à quelques mètres à peine de ce petit coin d’Italie, le camping est en revanche une grande première. Si ces trois Chtis – «ah non, nous c’est les Tuche », rectifie Eric, dans un large sourire – écument les grands prix de F1 depuis une quinzaine d’années, ils avaient jusque-là pour habitude de louer une maison. « Pour ce Grand Prix de France, on s’est décidé à la dernière minute. Et puis on n’est que trois à avoir fait le déplacemen­t depuis Dunkerque, contre dix à douze habituelle­ment », explique JeanCharle­s, coiffé d’une casquette Ferrari. Sans doute en souvenir du bolide rouge qu’il a lui-même un temps possédé…

Une organisati­on à roder

Ce changement de standing ne semble pas, dans tous les cas, avoir entamé leur bonne humeur. Avant de se diriger doucement vers le circuit pour assister aux premiers essais libres du weekend, le trio se chambre gentiment. Ainsi, Eric en rajoute un peu en réajustant sa casquette siglée Hamilton. Alors que Jérôme, le fiston, avoue être plutôt derrière Alonso, voire Raikkonen. Mais leurs divergence­s s’arrêtent sitôt qu’ils évoquent les couacs de l’organisati­on. Passe encore le prix du camping: 200 euros pour les quatre nuits. « En temps normal, on paye 10 à 12 € la nuit, mais c’est vrai qu’ici on est dans le Sud», s’amuse Jean-Charles, taquin. En revanche, ils jugent l’accès à la piste « déplorable ». Ils ne sont pas les seuls. Pourtant bons vivants, en témoigne le verre de viognier (un vin blanc) qu’ils dégustent à 10 heures du matin – « on dirait le bon Dieu en culotte de velours qui descend dans le gosier » – Gilbert, Denis, Patrick et Maurice, quatre Ardéchois, digèrent plutôt mal la balade qu’on leur a fait faire dans la garrigue la veille pour rejoindre le circuit. « C’était soi-disant à dix minutes à pied. On s’est fait avoir. On a marché pendant trois quarts d’heure. Mais aujourd’hui, on passera par l’entrée principale. » Ce coup de gueule passé, les quatre copains retrouvent vite leur bonne humeur. L’anecdote que raconte Maurice n’y est pas étrangère. « Dans les années 1980, on est venu à 27, dont dix gamins. À l’époque, on avait un camion assez haut. En passant l’entrée, on a accroché le “C” de Paul Ricard. La lettre en a gardé les stigmates quelques années. »Les quatre amis partent à rire, avant de trinquer à nouveau.

P.-L. P. plpages@varmatin.com

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Jérôme, Jean-Charles et Eric n’ont pas hésité à descendre de Dunkerque pour vivre leur passion automobile.
 ??  ?? Ugo, Carlo et Francesco sont des vrais tifosi de Ferrari. Installés au camping du circuit, ils posent ici avec la banderole d’un club de supporters de la Scuderia.
Ugo, Carlo et Francesco sont des vrais tifosi de Ferrari. Installés au camping du circuit, ils posent ici avec la banderole d’un club de supporters de la Scuderia.

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