juin : Milla s’amuse de Higuita
Battue pour son entrée en lice par le Mexique (0-1), l’Allemagne est tiraillée par différents soucis actuellement
Après un premier match complètement raté contre le Mexique (0-1), l’Allemagne n’a déjà plus le droit à l’erreur contre la Suède. Les champions du monde en titre doivent également dribbler quelques petits soucis internes.
✓ La méforme physique des cadres Manuel Neuer est un miraculé. Le gardien de l’Allemagne, souvent présenté comme le meilleur du monde, est resté sur le carreau pendant 8 mois à la suite d’une blessure au métatarse. Forcément, le portier est en manque de rythme puisqu’il a retrouvé la compétition le .... 2 juin en amical contre l’Autriche. Mais ce n’est pas le seul. Face au Mexique, Jérôme Boateng a semblé traîner une caravane et son corps affiche, lui aussi, les stigmates des différentes blessures (trois blessures musculaires cette saison) et certains cadres ont également accusé le coup physiquement : Toni Kroos, Mesut Ozil, Thomas Müller, Sami Khedira. Moralité, l’Allemagne a explosé en vol face à la folie mexicaine.
✓ L’usure du pouvoir Contre le Mexique, le onze de départ de l’Allemagne comportait huit champions du monde 2014 (Neuer, Hummels, Boateng, Kroos, Ozil, Khedira, Draxler et Müller). Joachim Löw, le sélectionneur allemand, est en poste depuis 2006, soit le plus long règne à la tête de la Nationalmannschaft. Sous Löw, l’Allemagne reste sur deux demi-finales de Mondial (2006, 2010), une victoire (2014), une finale à l’Euro (2008) ainsi que deux demi-finales (2012, 2016). En d’autres termes, ce groupe a déjà tout gagné, tout traversé, tout vécu. C’est compliqué de retrouver des forces mentales pour repartir au combat surtout que les cadres allemands gagnent déjà tout dans leurs clubs respectifs. Peutêtre qu’un peu de sang neuf est à prévoir, on pense au défenseur central Niklas Süle, au milieu Leon Goretzka ou au génial Marco Reus, enfin débarrassé de ses blessures.
✓ Les soucis politiques d’Ozil et Gundogan Fin mai, un cliché a mis le feu aux poudres. On y voit les deux joueurs d’origine turque Mesut Ozil et Ilkay Gündogan poser avec Recep Erdogan, le président turc, à Londres. Le milieu de Manchester City allant jusqu’à offrir un maillot avec un mot personnalisé « Pour mon président, avec tout mon respect » . Depuis, les deux joueurs sont pris à partie par une bonne partie de l’opinion publique allemande ainsi que par l’extrême droite. Pis, certaines anciennes gloires du football allemand ont demandé leur exclusion des... 23. C’est notamment le cas de Stefan Effenberg, ancienne tête brûlée du football germanique dans les années 90. Avant le Mondial, lors d’un amical contre l’Arabie Saoudite disputé à Leverkusen, Gündogan a été copieusement sifflé par une partie du public. En Allemagne, la communauté turque est très souvent stigmatisée et l’affaire a pris une tournure nauséabonde avec des relents de racisme. Il est important de rappeler que lors du Mondial argentin de 1978, Berti Vogts s’était félicité du régime dictatorial de Rafael Videla où « l’ordre régnait » et qu’il n’avait pas vu «un seul prisonnier politique », le public allemand n’avait rien trouvé à redire. Bonne ambiance. ✓ L’absence d’un buteur Quel est le comble pour l’équipe de football d’Allemagne ? Se retrouver sans buteur. Incroyable pour un pays qui a envoyé en Coupe du monde Miroslav Klose (meilleur buteur de l’histoire du Mondial avec 16 buts), Gerd Müller, Rudi Völler, Jürgen Klinsmann ou encore Uwe Seeler. Dans les 23 Allemands, le seul numéro 9 de formation demeure Mario Gomez, 32 ans, et plutôt sur le déclin. Thomas Müller, pourtant auteur de 10 buts en Coupe du monde, n’a jamais été un numéro 9 et Timo Werner, la relève, peine à exister seul en pointe. Le vivier allemand est d’ailleurs très pauvre en matière d’attaquant axial (Lars Stindl, Nils Petersen, Sandro Wagner) alors que les excentrés fleurissent de partout : Draxler, Brandt, Reus, Sané, Gnabry, Younes. Ce problème structurel et tactique a sauté aux yeux du monde contre le Mexique où les Allemands ont été incapables d’apporter le danger dans la surface adverse. RÉSULTATS Aujourd’hui : Corée du Sud - Mexique 17h Allemagne - Suède 20h Deux joueurs fantasques. Roger Milla, ans et jours du côté du Cameroun, soit le plus vieux buteur en Mondial. Et du côté Colombien, le génial gardien René Higuita, coupe de cheveux façon Lionel Richie et adorateur des sorties balle au pied. Alors qu’il évolue dans le modeste club de la JS Saint-Piérroise sur l’île de la Réunion, Milla n’a pas peur de la Colombie en huitième de finale de ce triste Mondial italien. On joue la prolongation après minutes ternes (-) avant que l’attaquant des Lions indomptables ne change le cours du match. ème, Milla dribble trois Colombiens et envoie une ogive du gauche qui trompe Higuita. Trois minutes plus tard, René Higuita s’aventure loin de ses cages avec le ballon mais Milla lui pique la gonfle et s’en va marquer dans le but vide. Le but tardif de Redin n’y changera rien, la Colombie subit la loi du Cameroun et celui-ci devient le premier pays africain à se hisser en quart de finale d’une Coupe du monde.