AVENIR DU CLUB DE HYÈRES-TOULON Les élus saisissent la justice Les maires de Toulon et Hyères ainsi que le président du conseil départemental ont alerté le procureur du TGI et la Chambre régionale des comptes afin de faire la lumière sur la gestion du clu
Face au mutisme des dirigeants du HTV et l’opacité qui entoure sa vente à Paris basket avenir, les élus sont passés à l’action. Le temps de la patience est cette fois bel et bien révolu. Hubert Falco, Jean-Pierre Giran et Marc Giraud ont
(1) ainsi saisi le procureur de la République du TGI de Toulon et le président de la Chambre régionale des comptes. Leur adressant à chacun un courrier étayé avec l’espoir, au regard des faits, qu’il sera suivi d’effets.
Au juin tout allait bien
Si les édiles s’étonnent de n’avoir jamais été informés de la cession des droits sportifs professionnels à un club parisien, ils rappellent en préambule le montant des subventions (80 % du budget du HTV) et aides en nature (un million d’euros) attribuées à feu le fleuron du basket varois. Un soutien assumé et jamais remis en cause jusqu’à la révélation dans nos colonnes du projet de vente et de la dette abyssale du club. Pourtant, au 30 juin 2017, les attestations des commissaires aux comptes concernant l’association et la SASP n’exprimaient aucune inquiétude quant à la situation financière. Pour la première citée, son résultat net comptable était même positif. Son président, à l’époque en assemblée générale, se félicitait « de sa bonne santé ». Ajoutant que « financièrement le club va mieux ». Concernant la seconde, son résultat net comptable était certes négatif (-142 000 euros), mais n’engendrait pas de signal d’alerte particulier eu égard à l’excédent d’exploitation prévisionnel prévu en 2018. Bref, les voyants étaient au vert. L’optimisme de rigueur. Les collectivités derrière le club dont les dernières saisons avaient été brillantes. Sauf que quelques mois plus tard, la situation s’est délitée. « Quand nous apprenons aujourd’hui que les bouleversements évoqués sont liés au déficit de la SASP de plus d’un million d’euros, nous ne pouvons que nous demander ce qu’il s’est produit depuis un an comme catastrophe, s’interrogent les élus. Sauf à considérer que les informations fournies au commissaire aux comptes en juin 2017 n’étaient pas totalement fiables... »
Étonnante dette de l’association
Surtout que dans ce micmac, l’association aurait une dette de 240 000 euros à l’endroit de la SASP. Est-ce à dire que les subventions qui lui étaient versées étaient en partie basculées vers le secteur pro ? Auquel cas il s’agirait de détournement de fonds publics... « Cela pourrait en effet contrevenir à l’autonomie de gestion que l’on peut attendre des deux structures, poursuivent les édiles. Les subventions accordées par les collectivités locales à une association ayant vocation à former des jeunes ne nous paraissent pas devoir contribuer à financer une SASP... » Déjà, en décembre 2017, la sanction infligée au HTV par la DNCCGCP des clubs professionnels de la LNB (retrait de trois victoires) leur avait mis la puce à l’oreille. « Nous avions immédiatement alerté le président Giannini par courrier recommandé dans le but d’obtenir des explications sur l’utilisation des fonds publics attribués au club. Il est resté sans réponse... » Depuis, le scénario est identique. Plus de son. Plus d’images. Le HTV est en passe de disparaître. Avec pour seule excuse un déficit chronique que seule la vente (350 000 euros dans un premier temps, puis 600 000 euros sur sept ans) permettra d’éponger. Ainsi, la dette sera apurée et l’association sauvée. Mais peut-on raisonnablement parler de sauvetage alors qu’il s’agit plutôt d’un naufrage. Les capitaines du navire à la dérive oseront-ils assumer leur échec ? Jouer enfin cartes sur table – vu qu’il n’y a rien à cacher – en détaillant la gestion du club ? Dans l’impossibilité d’obtenir des informations concrètes, les élus, qui doivent rendre des comptes aux contribuables, ont donc saisi la justice dans cette optique. Ils attendent du procureur qu’il diligente une enquête et de la Chambre des comptes qu’elle effectue un contrôle. À ce prix, toute la lumière sera faite sur ce gâchis sportivo-financier. 1.Hubert Falco,maire deToulon,Jean-Pierre Giran, maire d’Hyères et Marc Giraud, président du conseil départemental.