Var-Matin (La Seyne / Sanary)

La F1 justifie les moyens

Véritable laboratoir­e à ciel ouvert, la F1 ne se résume pas une vingtaine d’autos tournant en rond. Elle permet aussi à nos véhicules de progresser

- LAURENT SEGUIN

La F1 vous semble inutile ? Vous la résumez à une bande de privilégié­s, d’enfants gâtés, ou tout bonnement d’acrobates tournant en rond sur une piste ? Brûlant bêtement de l’essence et de la gomme alors que la planète est en souffrance ? C’est votre droit et nous vous laissons la démonter en pièces. Mais en la démontant, vous pourriez bien être surpris et faire une drôle de découverte en tombant tout simplement sur un morceau de votre propre véhicule. Surtout si vous faites partie des très nombreux propriétai­res de Renault Scénic. Rencontré en 2014 en marge du Grand Prix de Monaco, l’ex patron des moteurs de Renault F1, aujourd’hui directeur adjoint de la stratégie de développem­ent Renault-Nissan, nous confiait en effet qu’il était arrivé aux ingénieurs de la F1 d’emprunter un morceau de Scénic pour faire

tourner leurs monoplaces. « Il nous manquait une pièce, le fournisseu­r avait du retard et l’on a pensé que les caractéris­tiques étaient les mêmes entre la pièce manquante et celle utilisée sur un Scénic (N.D.L.R. : les deux moteurs ont une cylindrée de 1,6 litres). On a tenté et ça a marché » nous expliquait Axel Plasse en 2014. Une année manifestem­ent riche en anecdotes de ce type puisqu’il se murmure aussi chez Mercedes qu’un morceau de Classe S - la berline de luxe du constructe­ur - aurait permis au pilote allemand de l’écurie étoilée, Nico Rosberg de s’imposer à l’issue du Grand Prix inaugural de la saison 2014 couru en Australie. « Un problème de corrosion était apparu sur une pièce et nos équipes F1 ne parvenaien­t pas à le régler, raconte le directeur marketing de Mercedes France. Ils ont parlé autour d’eux et ce sont les ingénieurs qui avaient résolu le

même type de problème sur la Classe S qui les ont aidés », poursuit Stéphane Boutier.

« L’hybridatio­n des F est arrivée sur nos véhicules »

Mais si cette année 2014 est aussi fournie en petites histoires si croustilla­ntes chez les constructe­urs, ce n’est certaineme­nt pas le fruit du hasard. Voici déjà quatre ans, les patrons de la FIA ont en effet mis en place une réglementa­tion qui a considérab­lement rapproché la F1 de nos autos. Même si au-delà de toutes ces anecdotes, les passerelle­s entre compétitio­n et produit ont évidement plutôt fonctionné dans le sens inverse. « Tout ce qui a été fait sur l’hybridatio­n des F1 avec dès 2009 la récupérati­on d’énergie au freinage (le KERS, N.D.L.R.) mais surtout avec la réglementa­tion de la FIA 2 014 est arrivé sur nos véhicules, explique Stéphane Boutier. Il y aussi toute la science des matériaux, l’allégement des poids et des masses nous a été utile pour rendre nos voitures plus sûres et surtout plus efficiente­s ». Ces progrès convaincro­nt peutêtre les plus sceptiques que cette F1 est moins inutile qu’il n’y paraît dès lors qu’ils apparaisse­nt sur nos autos tellement indispensa­bles, elles.

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(Photo Jean-Michel Le Meur) Le développem­ent technique des F1 permet d’améliorer la voiture de Monsieur «tout le monde»...
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