Les dates clés
assaut de la grotte d’Ouvéa (dix-neuf militants indépendantistes sont tués ainsi que deux militaires).
signature de l’accord de Matignon (avec Michel Rocard, poignée de main Tjibaou-Lafleur).
signature des accords de Matignon-Oudinot.
signature des accords de Nouméa (avec Lionel Jospin). référendum d’autodétermination.
Nous attendions cet instant depuis longtemps. Nous avions réussi à ce que Jean-Marie Tjibaou soit à Paris et nous attendions Jacques Lafleur, qui avait quelques difficultés à nous rejoindre. Il a fallu être insistant. Il est venu. Comme toujours durant cette période de discussion, Tjibaou et Lafleur sont entrés par l’arrière des jardins de Matignon. Je les informe alors que Michel Rocard avait une crise de colique néphrétique ; il était dans la petite chambre qui se trouvait à proximité de la salle de travail. Je vais voir Michel Rocard pour l’informer qu’ils sont là tous les deux ; il a la force de caractère de sortir de sa chambre, en souffrant énormément ! Les deux protagonistes voient arriver le Premier ministre en robe de chambre… Et là, on est effectivement au coeur des accords de Matignon. Ce qui est au coeur de cette histoire, c’est la dimension humaine.
L’essentiel : le respect de l’identité kanak ”
Que retenez-vous personnellement de cette mission?
Je pense à Montaigne, qui dit que tout homme porte en lui d’humaines conditions. C’est-à-dire que chacun porte l’amour, le beau, le bon mais aussi les instincts les plus vils. L’enjeu de ma vie professionnelle a été de proposer aux hommes d’affirmer ce qu’ils ont de meilleurs. Quant à la Calédonie, je crois que la question demeure de savoir si la République française peut, au sein d’un pays qui a encore la chance d’avoir une civilisation océanienne, non seulement le reconnaître mais lui donner les capacités de se développer.