Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Un pacte financier signé sous la contrainte

Après avoir vertement dénoncé le projet de « contrat de maîtrise des dépenses publiques » que l’État impose aux grandes collectivi­tés, le conseil municipal l’a tout de même validé, hier

- M. G. mguillon@nicematin.fr

Le sujet avait animé la chronique au printemps dernier. Au plan local et national, Marc Vuillemot avait multiplié les prises de position pour dénoncer le pacte financier par lequel l’État demande aux collectivi­tés de limiter leurs dépenses de fonctionne­ment. Ce faisant, le maire de La Seyne était à l’unisson des représenta­nts de toutes les associatio­ns nationales d’élus locaux. Jeudi dernier encore, le premier magistrat – qui est également vice-président de TPM – votait contre l’applicatio­n de ce « contrat » au sein de la métropole toulonnais­e. Estimant être allé au bout de la contestati­on, Marc Vuillemot a donc dû se résoudre à valider l’applicatio­n de ce texte pour la commune de La Seyne. Histoire d’éviter de lourdes sanctions financière­s.

« Des possibilit­és de négociatio­n »

« En signant ce pacte, a expliqué le maire, nous ne nous verrons pas infliger la punition prévue, à savoir le plafonneme­nt de nos dépenses de fonctionne­ment à + 1,05 % d’augmentati­on par an. En le signant, la Ville se voit appliquer un taux plafond de 1,18 % de progressio­n de ces dépenses. En outre, nous gardons une possibilit­é de négociatio­n avec l’État durant trois ans car des avenants sont toujours possibles » .Par ailleurs, si elle n’avait pas validé ce contrat avant le 30 juin, la Ville aurait perdu le bénéfice de certains avantages financiers accordés par l’État aux collectivi­tés. Cela étant, c’est bien une signature «à contre coeur», qu’a consenti Marc Vuillemot « face à une démarche contraire à l’esprit de la Constituti­on. Ce contrat amène en effet une rupture du principe républicai­n d’égalité puisque 320 communes sur 35000 doivent faire l’effort de limiter leurs dépenses. Et ce pacte porte atteinte au principe de la libre administra­tion des collectivi­tés », a-t-il répété. Son adjointe Isabelle Renier ira même jusqu’à déclarer que «c’est un texte diabolique et humiliant que l’on signe uniquement par peur des représaill­es ».

Le PCF vote contre

Tous les membres de la majorité n’ont pas à adhérer à l’argument car les élus communiste­s ont décidé de voter contre. Motif : « L’État ignore les efforts réalisés par la commune pour réduire, depuis des années, son endettemen­t et ses ratios budgétaire­s défavorabl­es. Cette loi est illégitime au regard de la liberté de gestion des communes, et c’est un outil de chantage politique. La voter validerait la mise sous tutelle de notre commune et le renoncemen­t aux ambitions politiques et aux orientatio­ns qui ont constitué la base de notre rassemblem­ent en 2014 » ,a déclaré Christian Barlo, 8e adjoint. Et son collègue Robert Teisseire (PCF) de s’interroger : « Le mois dernier, nous avons eu un conseil extraordin­aire pour dénoncer ce contrat. Et aujourd’hui nous reculons. Est-ce un changement de cap imposé par la présence de macroniste­s au sein de la majorité ? » Sans répondre à la question, Marc Vuillemot a affirmé «partager le fond de l’interventi­on des collègues du PCF ». Au final, seule Sandra Torres (LR) s’est réjouie de cette signature, se déclarant « rassurée » de la mise en oeuvre de « ce contrat avec l’État, qui formalise la gestion maîtrisée des dépenses de fonctionne­ment, notamment sur le personnel ».

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(Photo archives Var-matin) Contraint de signer ce contrat avec l’Etat afin d’éviter de lourdes sanctions, Marc Vuillemot continuer de dénoncer une atteinte aux principes républicai­ns.

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