Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Macron, l’émule du pape

- PATRICE MAGGIO Directeur adjoint des rédactions du groupe Nice-Matin edito@nicematin.fr

Emmanuel Macron a largement rentabilis­é, hier, son voyage express au Vatican. Cinquante-sept minutes d’entretien, une durée record avec un chef d’État depuis que Jorge Mario Bergoglio a accédé à la papauté, il y a cinq ans. Quel était le but de la visite ? Officielle­ment, recevoir en toute solennité un titre honorifiqu­e de chanoine d’honneur dans la basilique Saint-Jean-de-Latran, réservé depuis Louis XI à nos rois puis aux présidents de la République. La tradition agace les dents des défenseurs les plus à cran de la laïcité. Elle a surtout pour intérêt de rappeler la place de la France dans la famille catholique, celle de la fille aînée de l’église, un enfant plutôt turbulent qui a pris son indépendan­ce en , avec la loi sur la séparation de l’Église et de l’Etat. « Pas la plus fidèle » des filles selon François qui s’en plaignait en . Depuis son élection, Emmanuel Macron, essaye de « réparer le lien » familial. Cet aller-retour avec l’Italie entre dans le cadre de ce travail de résilience.

Deuxième explicatio­n de ce voyage à Rome : la nécessité de trouver des réponses immédiates à des problèmes urgents. Celui qui tourmente l’Europe entière est la gestion des migrants, chassés par la guerre et la pauvreté vers notre Vieux Continent. « C’est la vocation des gouvernant­s de protéger les pauvres », assène le pape, rappel d’un vieux principe d’humanité bien difficile à appliquer alors que les opinions publiques craignent d’être submergées. Une solution est-elle tombée du ciel ? Rien n’a filtré de la rencontre proprement dite mais le Président l’assure, elle a « permis de partager des questionne­ments profonds sur le monde que nous connaisson­s ». Pour aider à la réflexion, un geste de bonne foi est tombé à pic hier : la France accueiller­a quelques dizaines de réfugiés embarqués sur le Lifeline, preuve qu’Emmanuel Macron n’est sourd, ni aux malheurs du monde, ni à la voix de l’Église… même si d’autres sujets sensibles, comme la procréatio­n médicaleme­nt assistée, restent et resteront des pommes de discorde. En se rapprochan­t du Saint-Siège, le chef de l’État, en berne dans les sondages visait peut-être un troisième objectif : s’inspirer de la méthode de gouverneme­nt d’un souverain pontife à la popularité intacte, alors qu’il secoue depuis cinq ans les dogmes d’une Église peu encline à la modernité. Sans devenir l’émule du pape, il a sans doute beaucoup appris, durant ces cinquante-sept minutes, à son contact.

« [Le Président] a sans doute beaucoup appris, durant ces cinquante-sept minutes à son contact. »

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France