poussins goélands railleurs bagués aux Salins Hyères
Les oisillons appartenant à une espèce classée vulnérable, ont été équipés de bagues d’identification. Objectif, permettre aux ornithologues de mieux les connaître
L’ambiance n’était pas vraiment à la rigolade, hier matin, pour quelque 500 jeunes goélands railleurs… qui pour une fois portaient mal leur nom. Trois à quatre semaines après être sortis de l’oeuf et avoir découvert la beauté du Salins des Pesquiers, ont en effet eu un réveil difficile. Réunis par le Conservatoire du littoral, propriétaire du site, la Métropole, qui le gère, et la Ligue pour la protection des oiseaux, une quarantaine de personnes s’étaient en effet donné rendez-vous dès l’aube pour réaliser une opération de bagage groupée.
Suivre les migrations
« Dans un premier temps, on a regroupé les poussins, qui grandissent sur un îlot aménagé pour les tenir à l’abri des renards », explique Matthieu Lascève, naturaliste de TPM. Parqués dans un corral, les jeunes volatiles passaient ensuite de main en main pour être mesurés et pesés, puis se retrouver affublés d’une bague numérotée à chaque patte (une métallique destinée à durer longtemps et une en plastique, permettant d’être lue de loin). « L’opération de baguage des poussins permettra de mieux déterminer les voies de migration, les zones d’hivernage et de nidification de cette espèce fragile et menacée, explique Matthieu Lasceve, heureux de constater que l’oiseau, originaire d’Asie centrale et nouveau venu sur le territoire, semble trouver les salins à son goût. « La création d’îlots dédiés à la reproduction des oiseaux a permis l’installation d’une colonie de 62 couples de goélands railleurs en 2009 sur le salin des Pesquiers. C’était une première pour le site et pour le département du Var. L’année 2015 était une année record avec 354 couples nicheurs, malheureusement la colonie a été prédatée par un renard, puis abandonnée. Suite à la réalisation d’aménagements anti-intrusion pour mieux se protéger des prédateurs, l’année 2018 voit le retour en nombre des nicheurs. Avec plus de 450 couples installés et plus de 500 poussins, c’est une année exceptionnelle qui rassemble près de la moitié de la population française nicheuse pour cette espèce ». Réalisé depuis 2009 en collaboration avec le Tour du Valat en charge de ce programme de recherche pour le muséum d’histoire naturelles de Paris, « le baguage des poussins de goéland railleur a déjà permis de savoir que 79 % des oiseaux bagués à Hyères sont revenus sur leur site de naissance », assure le naturaliste. « Nous savons aussi que, une fois volant, les oiseaux quittent les salins d’Hyères pour la Camargue où ils séjourneraient quelques semaines. Ensuite, via l’Italie, la Sicile ou la Sardaigne, ils traverseraient la Méditerranée pour passer l’hiver sur les côtes tunisiennes et en Lybie. »