Une antenne sur le clocher ?
Au hameau du Broussan, des élus d’opposition dénoncent la volonté du maire d’Evenos d’installer un relais de téléphonie mobile dans l’église Saint-Joseph. A tort ou à raison ?
Ça, c’est une querelle de clocher, une vraie. D’un côté, on retrouve Madame le maire d’Evenos, Blandine Monier, qui a récemment signé une convention avec Orange pour permettre aux habitants du Broussan d’avoir enfin accès à la téléphonie mobile. D’après l’opérateur, qui répond là à un appel à projets national pour résorber les zones blanches, cela passe par la mise en place, « d’ici septembre », d’une antenne relais en hauteur, au milieu des habitations. Soit, a-t-il tranché, au sommet de l’église Saint-Joseph. Un édifice qui, en plus de recueillir les prières de ses fidèles, pourrait donc bientôt aussi capter les conversations des athées. Seulement voilà, des élus de l’opposition - certes, rarement avares de querelles politiques depuis que la majorité de Blandine Monier s’est effritée - ne l’entendent pas de cette oreille. Philippe Petit et Christine
Thévenin pestent ainsi avec véhémence contre ce projet d’installation… à propos duquel ils ne s’étaient pourtant pas opposés lors du conseil municipal où il avait été présenté.
Nocive ou pas ?
« En fait, nous nous sommes abstenus, se justifient-ils aujourd’hui. La nuance est importante: comme tout le monde ici, nous sommes évidemment pour que les habitants du hameau puissent bénéficier du téléphone portable. Mais nous sommes aussi contre le choix imposé du site de l’antenne-relais,
qu’on aurait dû installer en haut du chemin de la Colle : en plus de se retrouver bientôt défiguré, le clocher se trouve à moins de cent mètres de l’école. On sait combien que les ondes peuvent être nocives pour les enfants. » Et de brandir une étude du centre de lutte contre le cancer Léon Berard, qui parle certes des radiofréquences (RF) comme d’un « cancérogène possible »... mais note aussi que « les données issues de la recherche expérimentale disponibles n’indiquent pas d’effets sanitaires à court terme ni à
long terme de l’exposition aux RF. » Quant à l’opérateur, il se défend évidemment de faire courir des risques à qui que ce soit : « Il n’y a aucune inquiétude à avoir, ainsi que le confirme l’Agence nationale de sécurité sanitaire. Orange respecte scrupuleusement les seuils en vigueur et on parle là de deux petites antennes de 50 cm qui émettent moins de watts qu’un téléphone portable. Et qui ne se verront quasiment pas.» Mais au fait, qu’en pense l’Église, principal utilisatrice d’un lieu de culte par
ailleurs devenu propriété du village au début du siècle dernier ? Un son de cloche un peu moins enthousiaste, peut-être? « Nous sommes satisfaits de satisfaire les habitants, nous répond-on allègrement à l’évêché. Si ça ne se voit pas et que ça évite de créer plus loin une antenne inesthétique, tant mieux. Et puis, ça va permettre la communication, et ça, l’Église ne peut pas être contre… » Que le smartphone, lui, soit à ce point devenu un objet culte est un autre problème.