Les siècles s’imbriquent dans les murs et le sol
Au fur et à mesure des opérations de déblaiement du remblai, des murs – et un escalier – ont été découverts dans l’aile ouest de l’abbaye. Dont ceux de la galerie « qui rejoint celles du nord et du sud. Un schéma classique», précise Marc Borréani, à la tête d’une équipe de six archéologues pour ces fouilles. Ont aussi été mises au jour « une porte centrale avec, de part et d’autre, deux baies dont une au nord avec des chapiteaux ». Et parmi les éléments remarquables, la base sculptée d’une colonnette représentant une tête de monstre signée « AB».
Trois espaces
« En l’état sur cette aile, il y a trois espaces différenciés. Ils remontent au XIIIe siècle, en tout cas existant lors de l’abandon de l’abbaye. Ils sont une transformation d’éléments antérieurs, que l’on retrouve en particulier dans la partie centrale. » Un mur à arcades «appartient au monastère primitif du XIIe siècle ». Un autre a aussi été intégré dans la construction du prieuré tel que l’on connaît actuellement. Différents constats témoignent de ces imbrications. «Toute la partie galerie a été renforcée par un nouveau parement, de manière à pouvoir la voûter.» L’ancien monastère n’était pas à l’origine voûté. Un gros mur en travers, contre lequel ont été découvertes des sépultures (voir par ailleurs), a aussi été édifié avant le monastère. « Il daterait du Xe-XIe siècle. Il est peutêtre lié à l’église Sainte-Perpétue. » Cette aile ouest de l’édifice était réservée au stockage. « On ne voit pas pour l’instant d’activités spécifiques. » Dans le dernier espace le plus au sud, «on a une porte. Elle montre qu’il y avait un accès depuis le prieuré au monastère. C’est très intéressant parce que l’on ne s’y attendait pas ».
Une autre partie de la villa romaine
Les visiteurs qui ont franchi les portes de l’abbaye ont pu apercevoir des vestiges d’une villa romaine, dont le pressoir à vin dans la cuisine. Au nord, de ces nouvelles fouilles, une partie de cet ensemble antique – habitation et exploitation agricole – a également été révélée. « Sur le sol naturel est coulé un béton, composé de mortier de chaux avec des galets. Sur ce béton a été ramené du remblai avec beaucoup de tuiles et de dolias (jarres, NDLR) ». Une opération synonyme de travaux, qui auraient été effectués vers la fin de l’Antiquité.