Des flotteurs spéciaux capables d’étudier le trajet des contaminants invisibles
La pollution marine n’est pas toujours visible à l’oeil nu. «Les contaminants dont on parle sont totalement invisibles puisqu’ils sont dissous dans l’eau. En plus des micro et nanoplastiques, il y a aussi des résidus de cuivre, de plomb ou de mercure, qui proviennent des peintures de bateau et de l’activité humaine », expose le chercheur, qui est aussi rattaché au laboratoire MIO (Mediterranean Institute of Oceanography). Ce qui, justement, inquiète les scientifiques, c’est que, comme la plupart des microplastiques, ces particules peuvent être ingérées par les poissons, « ce qui peut avoir des conséquences dramatiques » sur toute la chaîne alimentaire. Avant donc de pouvoir combattre cette pollution, encore faut-il commencer par l’étudier et la comprendre. «Puisque ces polluants sont dissous, éclaire Yann Ourmières, ils se déplacent à la même vitesse que l’eau. »
Courantologie
Voilà pourquoi le chercheur a embarqué avec lui une dizaine de bouées spécialement conçues pour ce type d’analyses. Ces flotteurs d’un mètre de haut, qui émergent à peine à la surface, sont équipés de balises GPS, d’une carte SIM et d’un abonnement téléphonique, qui permettent aux chercheurs de suivre leur progression en temps réel. C’est là que la courantologie rentre en jeu. «Avec ça, on peut tout calculer, expose fièrement le chercheur. La vitesse du courant, sa direction, son accélération. » Ce jour-là, il s’agit d’évaluer précisément le trajet des polluants qui se baladent entre la zone du Parc national de Port-Cros et la grande rade de Toulon. « Les bouées nous donnent automatiquement leurs positions toutes les 10 minutes, éclaire Yann Ourmières. En recueillant les données à la fin, on pourra ainsi déduire la vitesse et le sens du courant, et comprendre comment les polluants dissous se déplacent en mer. »