Tende (): la disparue a survécu en mangeant des feuilles
Dimanche, parmi les Tendasques qui ont participé à la procession annuelle à la Madone de Vievola, ils ont été quelques-uns à faire un voeu pour Marie-Ange Metqal. La quadragénaire était portée disparue depuis mercredi soir. Elle a été retrouvée le soir même, épuisée, blessée, mais vivante. « Heureusement qu’il y avait le bon dieu avec elle », soupire son compagnon, Imad Metqal. Nous l’avons rencontré hier, devant les urgences de l’hôpital Pasteur 2, à Nice, où sa femme a été héliportée dimanche soir. Dépressive, Marie-Ange Metqal, 42 ans, aide-soignante au CHU de Tende, avait laissé mercredi soir un mot sans ambiguïté sur la table familiale. «Çaaétéla panique », confie son compagnon, aide médico-psychologique dans une maison d’accueil spécialisée à La Brigue et sapeur-pompier volontaire depuis onze ans. Le couple est marié depuis 22 ans. Ils ont deux enfants, de 20 et 16 ans.
Deux battues
S’il prend la parole, c’est pour remercier tous ceux qui se sont mobilisés activement pour retrouver sa femme : les proches, les voisins, les amis. Vendredi, deux battues ont été menées, par une quarantaine de personnes. Des témoins disaient l’avoir vue à Breilsur-Roya, ce qui a dispersé les recherches. S’il est soulagé – et le mot est faible – Imad Metqal ne peut s’empêcher de regretter le temps perdu. Notamment ce moment où il a été arrêté par des gendarmes mobiles, alors qu’il cherchait sa femme sur des chemins de randonnée. « Ils m’ont dit que j’étais sur des terrains privés, ce que je peux comprendre. Mais ce qui m’a choqué, c’est qu’ils étaient là pour la surveillance contre les migrants et qu’ils ne savaient même pas que ma femme était portée disparue. Je suis moimême allé leur donner une photo... C’est inhumain. » Pendant un peu plus de quatre jours, Imad et ses enfants n’ont quasiment pas dormi.
Appels au secours
Dimanche vers 18 heures, un propriétaire de chevaux est allé rendre visite à ses bêtes, à quelques pas de la médiathèque de Tende, non loin du domicile familial des Metqal. « Il reculait avec son camion quand il a entendu des appels au secours. Il a découvert ma femme. Il nous connaît, il est menuisier, mon fils a travaillé avec lui. Il a donné l’alerte. » Les secours se sont précipités sur place. « J’ai alors reçu un appel de mes collègues pompiers. Ils m’ont dit qu’ils avaient une bonne nouvelle. J’ai cru que l’on allait enfin engager l’hélicoptère que je réclamais depuis le début pour les recherches, mais qui était refusé. Il m’a répondu que c’était une encore meilleure nouvelle. C’est comme si je revivais.» Quand il est arrivé sur place, Imad a trouvé sa femme dans un état très dégradé. «Elle avait des contusions, des bleus partout, la hanche cassée, le talon aussi. Elle avait plein de feuilles et de la terre dans la bouche, le visage terriblement marqué. Mais elle m’a reconnu, elle était consciente. » Il a plu deux jours sur la zone. Marie-Ange Metqal aura juste le temps d’expliquer aux sauveteurs qu’elle a mangé les feuilles pour s’en sortir. Des arbres ont amorti sa chute de près de trente mètres, depuis un viaduc. Combien de temps est-elle restée là ? Hier, Imad n’avait pas encore toutes les réponses. Sa compagne se trouvait au bloc opératoire, pour sa hanche. Imad soupire, épuisé, mais heureux. « Pour moi, pour les enfants, l’essentiel est là. Elle est en vie. » Il repense à son chef de centre des sapeurspompiers, aux proches, collègues, amis, à la personne qui l’a découverte : «Je leur dois un immense merci !»