Le désordre allemand
Depuis bien des années, il était devenu difficile d’imaginer l’Allemagne menacée d’instabilité gouvernementale. Berlin ne savait pas ce qu’était une crise politique. C’est pour cela que le désordre qui s’y installe aujourd’hui est un événement considérable. Comme tous les autres pays de l’Union, la question migratoire empoisonne le pouvoir allemand, une coalition droitegauche sortie des urnes de l’automne dernier. Mais c’est son propre camp qui met Angela Merkel en difficulté. La droite allemande, comme toutes les droites européennes à présent, vit sous la menace de l’extrême droite, l’AFD (Alternative pour l’Allemagne), entrée au Bundestag au mois de septembre après avoir obtenu , % des suffrages aux élections législatives. Un séisme qui provoque à droite une fracture stratégique. D’un côté, la CSU, branche bavaroise de la démocratie-chrétienne allemande, défend en la personne de son président, Horst Seehofer, ministre de l’Intérieur, une politique migratoire dure, exigeant sans se préoccuper de l’Europe que les demandeurs d’asile présents sur le sol allemand mais enregistrés à leur arrivée dans un autre Etat européen y soient renvoyés. De l’autre, dans une position modérée, Angela Merkel et la CDU tenants d’une solution européenne. L’attelage tangue depuis plusieurs semaines et menace de rompre. Mais chacun sait que retourner devant les électeurs est très risqué car, selon les sondages, l’AFD gagne encore du terrain au détriment de tous les autres partis. Et l’extrême droite pourrait alors devenir arbitre de l’avenir. Un jeu dangereux pour l’Europe entière.
« Et l’extrême droite pourrait alors devenir arbitre de l’avenir. Un jeu dangereux pour l’Europe entière. »