Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Victime d’un accident de la route, elle accuse les policiers

Toulon

- PIERRE-MICKAËL AYI pmayi@varmatin.com

J «e ne m’attendais pas à ça. » Depuis le 17 juin, Émétine Roche est débordée. Le récit de son banal accident fait le tour du web. Le message posté par la Farlédoise, qui met en cause les forces de police, a été relayé sur Facebook à plus de 2 300 reprises. Et elle reçoit des dizaines de témoignage­s de soutien chaque jour. Des inconnus qui lui proposent de l’aide, citent des relations, témoignent de leurs propres expérience­s. « Je n’ai même plus le temps de répondre », lâche la vendeuse en prêt-à-porter.

La conductric­e a eu « très peur »

Alors, la jeune conductric­e a décidé de porter plainte. Même si sa version des faits est contestée par les policiers (lire ci-dessous), et même si ses parents ne la soutiennen­t plus. « Je maintiens ma version, confirmée par mon témoin : la voiture m’a tapé dedans volontaire­ment, je suis victime d’une injustice, poursuit-elle. Qui va payer mes réparation­s maintenant ? » Cette nuit-là, la petite brune de 19 ans a eu « très peur ». Ce samedi soir, à 2 h 45 du matin, Émétine ramène des amis à leur domicile, à Saint-Jean-du-Var, lorsqu’à l’angle du boulevard Robespierr­e et de la rue Desaix, elle croise une Peugeot 406 qui n’est autre qu’un véhicule… de police.

« On a cru à des fous qui voulaient nous agresser »

« J’ai pilé dans un carrefour, avant l’intersecti­on, car j’ai vu une voiture sans feu de croisement venir sur ma droite au dernier moment, se remémore la native de Néoules, qui, soulagée, est restée stoïque quelques instants à son volant. Je pensais avoir évité un accident. Puis la 406 a reculé et redémarré directemen­t en direction du côté passager de ma voiture, provoquant le choc. Là, le conducteur a posé la sirène sur le toit, on a compris que c’était la police. » Assise sur la banquette arrière, sa colocatair­e confirme la scène. « Quand j’ai vu la voiture redémarrer, j’ai crié stop, lance Victoria Bonzanini, passagère aux premières loges. On ne savait pas que c’était la Bac (brigade anticrimin­alité), on a cru à des fous qui voulaient nous agresser. » « Ils étaient trois dans la voiture, poursuit Émétine Roche. On leur a demandé : pourquoi nous être rentré dedans ? Et ils ont répondu : au moins, il y a un accident… » Malgré l’arrêt complet de la 206, le choc est léger. Tandis que sa vitre électrique couine, le radiateur de la voiture de police crache une épaisse fumée. Émétine aperçoit à peine le conducteur, hospitalis­é dans la foulée pour un choc à la nuque ayant causé une ITT d’un jour. Évoquant un « abus de pouvoir », la conductric­e aujourd’hui mise en cause dit avoir été intimidée. « Trois fourgons de police et deux camions de pompiers se sont arrêtés après l’accident, décrit-elle. On nous a emmenées de force au commissari­at, où des policiers m’ont traitée de menteuse, m’ont dit que mon histoire était improbable, qu’il y avait plus grave. Ils n’ont pas voulu prendre ma plainte. Je savais que je n’étais pas en tort mais pour eux, j’étais la coupable. » Elle a même signé un constat amiable, où elle a reconnu sa responsabi­lité. « Mais je ne savais plus quoi faire, je n’en avais jamais signé avant, réfute-t-elle. J’étais seule dans le bureau, je ne disais rien, j’étais choquée, désemparée. Ils ont fait ce qu’ils voulaient… »

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(Photo P.-M. A.) Soutenue sur les réseaux sociaux dans sa démarche de demande en réparation à la suite d’un accident, la jeune conductric­e a décidé de porter plainte à la gendarmeri­e, plus d’une semaine après les faits.

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