Je vais attaquer »
Je fais e de Paris-Nice, e en Catalogne, e d’une étape, mais pour certains c’est nul. Sauf que dans le vélo, le niveau est homogène et pour finir dans les premiers, il y a une trentaine de gars qui se battent pour cet objectif. Ce n’est pas si facile que ça. J’aurais préféré entendre des conseils des anciens que des critiques. Mais je respecte le point de vue de ceux qui ont gagné de grandes courses. Ils ont le droit de critiquer, mais j’ai un caractère de Breton, je n’apprécie pas qu’on me titille. Je trouve qu’au lieu de m’envoyer un message d’encouragement, certains voulaient me laisser au fond du seau quand ça n’allait pas.
Amaël, c’était aussi votre rôle, avec votre expérience, de ne pas céder à la panique ?
A.M. Bien sûr. Je lui dis souvent qu’il était au rendez-vous, car finir dans les premiers de Paris-Nice et du Tour de Catalogne, ça reste une performance. Warren n’a pas eu de blessure ou de méforme. Il a dû digérer le changement d’équipe, il s’est aussi affirmé dans son rôle de leader. C’est un jeune leader, mais il a démontré son caractère, sur le vélo et en dehors. Dans la construction d’une carrière, avec les objectifs qu’il a et peut atteindre grâce à son talent, ces six mois plus difficiles vont lui être bénéfiques, car la roue tourne toujours. Quand cette hargne, cette frustration vont se transformer en rage sur le vélo, ça va décupler ses forces. Je suis sûr que le succès sera devant lui et il pourra d’autant plus le savourer.
Qu’attendez-vous l’un de l’autre sur le Tour ?
W.B. Tout ce que j’ai depuis le début. Sa sagesse et son vécu qui font qu’il ne panique jamais. Et puis d’être présent à mes côtés pendant tout le Tour. Je sais très bien que ça sera le cas (Moinard a fini les grands Tours qu’il a débutés). A.M. Je n’attends rien de lui (rires). Qu’il reste tel qu’il est, fougueux. En prenant de l’âge, on devient plus raisonnable, car on pratique un sport très dur, où on va très loin dans la souffrance. Voir Warren aller toujours de l’avant, être heureux sur le vélo, ça me motive à me faire mal à l’entraînement, à en rajouter pour lui. Mais ça reste du sport. Si ça marche, tant mieux, si ce n’est pas le cas, tant pis si on a tout essayé, on n’aura pas de regret.
Warren, vous avez promis de faire un Tour offensif...
W.B. Oui, si je marche bien, je vais attaquer. Mais l’équipe aussi. Sur le Dauphiné, on s’est retrouvé à trois dans une échappée. Ça n’a pas marché, mais il faut garder cet état d’esprit. Je sens que ça va payer sur le Tour. Même si ce n’est pas une gagne, parce que ça arrive très rarement, déjà faire une grosse étape pour montrer qui on est, ce serait déjà bien.
Amaël, après avoir roulé pour de grands leaders (Evans, Van Garderen, Porte), vous allez redécouvrir un cyclisme plus offensif...
A.M. Ponctuellement, j’avais pu le faire chez BMC.
Au Giro, en , je n’avais pas un grand leader et ça m’avait beaucoup plu. J’y ai regoûté l’an passé, après la chute malheureuse de Richie Porte. J’étais présent devant et c’est le cyclisme que j’aime. J’ai besoin de ça. De tout tenter, quitte à tout perdre. Mais je sais aussi que le cyclisme est mon métier et j’obéis aux stratégies d’équipes.
Warren, si vous deviez choisir entre le maillot à pois et une étape ?
W.B. (il hésite) Pas facile.
A.M. Ça ne se choisit pas, l’un ira avec l’autre. W.B. Quand j’ai pris le maillot à pois, on m’a dit, “tu vas aller gagner une étape”. J’en ai eu deux finalement. Quand tu joues le maillot à pois, t’arrives souvent pour la gagne d’une étape. Il faut réussir à ne pas trop en faire, pour aller prendre le maillot à pois et mettre la balle au fond ensuite. Le maillot avait eu l’effet d’un déclic, ça avait lancé mon Tour.
J’ai un caractère de Breton, je n’aime pas qu’on me titille ” Warren Barguil