Du rosé espagnol à la place de vin français : le Var résiste
Des millions de bouteilles de rosé espagnol ont été vendues comme du vin français, selon une enquête de la Répression des fraudes rendue publique. Les professionnels varois réagissent
L’étude de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) révélée par nos confrères du Parisien a suscité de nombreux commentaires hier matin, dans le milieu varois de la viticulture. « Des millions de litres de rosé espagnol ont été vendus pour du vin français», avait précisé la DGCCRF. Le Conseil interprofessionnel des vins de Provence (CIPV) a rapidement réagi. Le directeur général Brice Eymard avoue être « évidemment attentif » à la situation, tout en se disant «serein». Alexandre Chevallier, directeur de cabinet adjoint à la Répression des fraudes, expliquait au quotidien que « ces cas de francisation concernent plus de 70000 hectolitres de vin ». Soit l’équivalent de 10 millions de bouteilles de rosé.
« Situation scandaleuse »
Ce vin espagnol s’avère nettement moins cher que le vin français, et donc plus attractif. En 2016, le rosé en vrac espagnol se vendait à 0,34 euro le litre contre 0,75 à 0,90 euro le litre pour le rosé français. Les bouteilles mises en cause ont été découvertes chez quatre grands négociants-producteurs français, qui faisaient passer le vin espagnol dans des bouteilles sur lesquelles il était écrit « Vin de France ». Une indication géographique protégée (IGP) pouvait également être mise en avant. « C’est évidemment une situation scandaleuse mais qui ne nous concerne pas, indique Brice Eymard. Contrairement à d’autres régions, comme le Sud-Ouest ou encore le Languedoc-Roussillon, nous ne sommes pas du tout sur cette gamme de marché. Nous travaillons depuis des années à améliorer notre production et produisons aujourd’hui les vins premium des rosés.»
millions de bouteilles
Les professionnels varois représentés par le CIPV ne comptent donc pas agir pour le moment face à ce vent de fronde, mais assurent « rester très vigilants ». «Et par ailleurs, nous tenons à souligner que l’on parle dans ce scandale de 10 millions de bouteilles, ce qui parait, certes, énorme, termine Brice Eymard. Il faut néanmoins savoir que ce sont près de 900 millions de bouteilles de rosé qui sont consommées chaque année en France! »