Macron le pâtissier
Pour se faire comprendre, Emmanuel Macron aime parfois recourir aux métaphores. Nous avions eu le Président alpiniste défendant la théorie du premier de cordée. Hier, devant les parlementaires réunis en Congrès à Versailles, le chef de l’Etat s’est fait pâtissier pour dire en fait la même chose : pour partager un gâteau, a-t-il expliqué, il faut qu’il y ait un gâteau. Et son ambition est qu’il soit le plus gros possible. Autant dire que rien n’a changé sous le ciel du macronisme. Il faut d’abord accroître notre richesse avant de songer à la partager dans « un Etat-providence du XXI e siècle » qui reste à définir. On peut gloser à l’infini sur cette intervention solennelle, analyser le catalogue des réformes annoncées, souligner leur dimension sociale, mais là n’est pas l’essentiel. Tout simplement parce qu’Emmanuel Macron n’avait, hier, rien de nouveau à promettre. Il déroule le programme qu’il a défendu pendant sa campagne électorale et s’en tient à sa ligne de conduite : je fais ce que j’ai dit ! Certes, au début de son propos, il a fait acte d’humilité et cherché à se débarrasser de ce sparadrap qu’est devenu le slogan « Président des riches ». Au fil de son discours, cependant, il est redevenu lui-même : sûr de son fait, piétinant ses prédécesseurs, s’avançant comme un homme nouveau venu redresser une France à l’agonie, dressant un bilan très flatteur de sa première année. Bref, un Président sauveur qui demande, néanmoins, du temps pour être jugé. Le talent est certes toujours là mais le propos tourne à la ritournelle. Les sondages disent que les Français commencent à sérieusement s’en lasser. Il n’est pas sûr que ce discours les fasse changer d’avis.
« Le talent est certes toujours là mais le propos tourne à la ritournelle. »