Var-Matin (La Seyne / Sanary)

La France veut son zénith

A Saint-Pétersbour­g, les Bleus retrouvent le voisin belge en demi-finale d’une Coupe du monde, la 6e de leur histoire (1958, 1982, 1986, 1998, 2006, 2018). Messieurs, faites du bruit !

- VINCENT MENICHINI, À SAINT-PÉTERSBOUR­G

Ils se connaissen­t tous, évoluent pour la plupart en Angleterre, parfois dans le même club, mais le temps d’un match – et quel match ! – ils devront laisser les bons sentiments au vestiaire, faire en sorte que l’amitié qui est la leur ne les inhibe pas pour passer ce dernier obstacle. Le franchir, ce serait l’opportunit­é de basculer vers une nouvelle vie faite de joie, de gloire, d’honneur et de reconnaiss­ance éternelle. Les Bleus n’y sont pas encore, mais la génération des Lloris, Giroud et Matuidi n’a jamais été aussi près de toucher le Graal, remporter ce qu’il y a de plus beau dans une vie de footballeu­r, à savoir une Coupe du monde. Puisque ce n’est pas dit que cela s’offre de nouveau à eux, ils doivent profiter du moment, le vivre comme aucun autre et tout faire pour être sur la pelouse du Loujniki, à Moscou, dimanche, contre la Croatie ou l’Angleterre pour une fin en apothéose.

Un grand classique

Et qu’importe si, sur le banc d’en face, il y a Thierry Henry qui, comme Didier Deschamps, sait comment faire pour décrocher une étoile. Sur ce point-là, c’est l’égalité parfaite entre Français et Belges qui se retrouvent, ce soir, pour la 74e fois de leur histoire. Or, jamais le rendez-vous n’a été aussi attendu. Il y a même fort à parier que cette demi-finale, jouée dans le stade somptueux de Saint Pétersbour­g, restera comme le sommet de leur histoire commune durant de longues années. En battant le Brésil en quarts, la Belgique est montée très haut en terme d’émotions, déjà, quand les Français, eux, ont sanctionné froidement l’Uruguay. Cela a fait son effet mais de manière beaucoup moins prononcée que lors du huitième épique et renversant contre l’Argentine.

Deschamps, maître zen

Didier Deschamps a évidemment adoré le scénario du dernier match, la maîtrise et le côté caméléon de son équipe qui lui ressemble tellement, s’adaptant et résistant à tout depuis le début de la compétitio­n. Il a une fois encore validé l’objectif fixé par ses supérieurs, une constante dans la carrière de la ‘‘Desch’’ qui ne fait pas toujours lever les foules, mais sait mieux que quiconque comment procéder pour gagner des matchs et des titres. Hier encore, il a affiché une sérénité à toute épreuve au moment de répondre aux questions des médias et a souri quand l’un de nos confrères a voulu associer ses succès à la présence d’un félin à ses côtés. « Que je sois au bon endroit au bon moment, c’est probable, a résumé Deschamps. Je n’ai pas à me plaindre. Il y a pire, mais il y a toujours mieux… La chance, ça peut arriver une fois. Ce qui me plaît, c’est d’avoir de l’exigence, ressentir de l’adrénaline et tout faire pour que les joueurs se sentent du mieux possible. Ce sont eux qui ont les clés. » Ces derniers jours, il a analysé avec une haute précision cette équipe de Belgique et fixé la marche à suivre pour faire face à la puissance de feu de ces Diables Rouges, portés par une énergie folle depuis qu’ils ont réussi à faire rouler Neymar jusqu’au Brésil. Hazard, Lukaku et De Bruyne forment un trio magnifique mais cette France a des atouts à faire valoir, un gardien (Lloris) au sommet de son art, un jeune (Mbappé) qui va plus vite que tout le monde et une confiance à son paroxysme. Alors, qu’elle ne prévienne pas le voisin et fasse grand bruit, même dans cette ville de Saint-Pétersbour­g, où la nuit n’existe plus.

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