Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« Le Premier ministre a semblé à l’écoute des victimes »

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Elles étaient une dizaine de familles. «Des enfants, des époux, des épouses, des pères, frères, soeurs endeuillés», témoigne Yassine Bourouais, président de Promenade des Anges. Une vingtaine de victimes de l’attentat de Nice ont pu rencontrer Edouard Philippe en mairie, hier, avant la cérémonie place Masséna. «Il a demandé à chacun ce qu’il a vécu, ce qu’il a perdu... Il a semblé très à l’écoute. Les victimes étaient contentes», résume leur porte-parole. Au menu? Une foule de sujets pour le Premier ministre : « Accompagne­ment psychologi­que, retour à l’emploi, accès aux emplois réservés... Les victimes ont parlé de tout sans aucune gêne, pour réclamer la vérité, réclamer que la justice fasse son travail en toute indépendan­ce», explique Yassine Bourouais, qui salue l’annonce de la création d’un magistrat spécialisé. « Face à la lenteur des indemnisat­ions, un juge neutre pourrait aider les victimes. » Pour leur part, Anne Murris et Cindy Pellegrini ont échangé avec Edouard Philippe au nom de leur nouvelle associatio­n, Mémorial des Anges. Plaidant pour le devoir de mémoire et la création d’un centre dédié. «Il a été très attentif. Il était d’accord avec notre conclusion: parler de ce qui s’est passé, c’est faire preuve de pédagogie. Maintenant, on doit se battre pour que ce centre voie le jour à Nice», insiste Cindy Pellegrini. Pour Anne Murris, le chef du gouverneme­nt a manifesté le même intérêt qu’Emmanuel Macron, un an plus tôt. «Il a été surpris par nos sourires et nos yeux lumineux, confie cette mère endeuillée. Quand nous avons présenté ce centre comme un symbole d’espérance, il nous a dit : “Les mots sonnent juste dans vos bouches. On le voit à vos sourires et vos regards.” »

Les voies de la résilience

Les familles qui n’ont pas échangé avec le premier Ministre sont restées dans cette suspension du temps, à la fin de la cérémonie. Le portrait de Saskia à la main, une famille allemande était dans l’esseulemen­t, rassemblée à côté de la liste des victimes. Sa mère, Barbara Bielfeldt a glissé en anglais: «Ne pratiquant pas le français et sans traduction en anglais nous n’avons pas saisi le contenu des discours. L’an dernier, j’avais été invitée et j’avais pu rencontrer Emmanuel Macron. Cette année, je n’ai rien reçu et je suis venue à mon initiative et à mes frais avec mes deux enfants qui ont perdu ici leur soeur. Nous avons pu obtenir des invitation­s sur place, mais j’ignorais qu’il était possible de rencontrer votre Premier ministre aujourd’hui. Je l’avais rencontré l’an dernier à Paris». Après un silence, cette mère continue: « C’est extrêmemen­t difficile pour nous de trouver de l’aide. Je cherche toujours à comprendre comment un tel drame a pu survenir. Alors j’essaie de recueillir des témoignage­s sur cette nuit d’horreur et je reviens régulièrem­ent à Nice ». Ali Charrihi qui a perdu sa mère sur la Promenade des Anglais a trouvé une autre voie: «Il est essentiel de perpétuer la mémoire de nos victimes et nous avons été touchés dans notre chair. Je veux être présent ici, chaque année. J’ai trouvé de la force au sein de l’associatio­n «Ma mère patrie et fraternité» dont l’objectif est de perpétuer la mémoire, de fédérer les jeunes, de leur donner de l’espoir et de mener des actions contre la radicalisa­tion. C’est dans cet engagement que je trouve de l’apaisement».

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(Photo Franck Fernandes) Edouard Philippe a rencontré, en mairie hier, les vicitmes

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