Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Les pionniers

Champion du monde, auteur de quatre buts en Russi eet vainqueur de la Ligue Europa en club, Antoine Griezmann est en pole pour devenir le futur Ballon d’Or

- CHRISTOPHE­R ROUX

La rumeur enfle depuis le sacre planétaire des Bleus. Antoine Griezmann peut-il devenir le cinquième Ballon d’Or français de l’histoire ? Etre l’égal des Kopa, Platini, Papin et Zidane (lire ci-contre) n’a rien d’une folie. L’attaquant de l’Atlético Madrid a frappé quatre fois durant ce Mondial. Mieux, avec deux passes décisives, il est tout simplement impliqué dans 43% des buts inscrits par l’équipe de France. Cette saison, il a su, aussi, se montrer décisif en club. Avec les Colchonero­s, il a remporté la Ligue Europa en signant un doublé en finale.

Jérôme Alonzo : « Un QI football au-dessus de la moyenne »

Ses performanc­es lui offrent une place de choix dans la liste des prétendant­s. Au milieu des Varane, Ronaldo, Mbappé et Modric (dont la défaite en finale de la Coupe du monde devrait être rédhibitoi­re dans sa quête dorée), le Mâconnais, 27 ans, fait figure d’épouvantai­l. Surtout quand on se rappelle que « Grizi » a déjà marqué les esprits en 2016, en terminant meilleur buteur de l’Euro. Une adresse devant le but qui l’avait propulsé à la 3e place du Ballon d’Or, juste derrière le duo Ronaldo-Messi. Pour Jérôme Alonzo, ancien portier du Gym (1990-1995) et consultant pour la chaîne L’Equipe durant le Mondial, le rêve est permis. « Je pense qu’il n’est pas favori. Il peut payer son premier tour. Maintenant, il a marqué quatre buts. Certes, il y a trois penalties, mais ils sont toujours très durs à mettre. Surtout en Coupe du monde. Ce qui m’a plu, c’est qu’à partir des huitièmes et des quarts, il a montré un QI football au-dessus de la moyenne. Il a compris qu’il ne pourrait pas faire ce qu’il avait l’habitude de réaliser, qu’il était cramé. Je lui donne énormément de crédit pour ça. Il a su changer de costume pour se mettre au service du jeu. » Pour Alonzo, une donnée est importante à l’heure de se pencher sur la récompense individuel­le suprême : quelle sera l’idée directrice qui guidera les journalist­es chargés du vote ? Le palmarès, le nombre de buts inscrits, la qualité dans le jeu ? La question mérite d’être posée. Surtout que le Ballon d’Or est retombé dans le seul giron de France Football, son créateur, depuis l’an dernier. Alors que la FIFA avait repris le bébé en 2010, ouvrant les votes aux sélectionn­eurs et aux capitaines des sélections, pour un système peu objectif et critiqué, les votes incombent à nouveau seulement à un parterre de journalist­es. Ce changement pourrait permettre à Raphaël Varane d’être sacré en décembre. Le défenseur du Real, vainqueur du Mondial et de la Ligue des champions cette saison, part de loin. Il mériterait pourtant, d’après Jérôme Alonzo, de devenir le quatrième défenseur couronné depuis 1956. « Cannavaro l’a bien eu en 2006… Varane est meilleur que lui. Il est plus beau, romantique et élégant. Il a quelque chose de poétique. De par son palmarès et si je regarde la définition du Ballon d’Or, qui récompense le meilleur joueur du monde, il doit le gagner. Point. On ne peut pas non plus ne pas penser à Ronaldo. Il a inscrit l’un des plus beaux buts de la Ligue des champions face à la Juve et quarante buts cette saison (54 en 55 sorties, ndlr). »

Rolland Courbis : « Mbappé aura son mot à dire »

Désigné meilleur jeune de la compétitio­n, Kylian Mbappé sera un sérieux adversaire pour Griezmann. C’est en tout cas ce que pense Rolland Courbis, consultant pour RMC et BFM TV. « Il aura son mot à dire. On peut avoir beaucoup d’optimisme. Il aura peut-être sept ou huit Ballons d’Or mais peut-être qu’un seul aussi. On ne sait pas ce que sera sa carrière. Il faut prendre ce qui peut être pris. Griezmann ? Avec tout ce qu’on a pu entendre, qu’il aurait pu être plus frais et qu’il était en dessous de ses qualités, donner le Ballon d’Or à un joueur qui peut mieux faire serait surprenant. Mais à partir du moment où on ne l’a pas donné à Iniesta (en 2010) et à Ribéry (2013) ,il n’y a plus rien qui m’étonne. Pour moi, cette récompense est aussi importante que stupide. Mettre sur le même pied d’égalité des gardiens, défenseurs et des attaquants. C’est comme comparer des joueurs de tennis et de pingpong. Et puis pourquoi décider en juillet pour un trophée remis en décembre ? Les mois à venir, on part en vacances. » Jérôme Alonzo, lui, juge que Mbappé a le temps. « C’est trop tôt. Il en gagnera trois ou quatre mais là il s’en fout. Hier (dimanche, ndlr), il n’a pas pleuré. Il est en mission pour dix ans. Ce qui me marque profondéme­nt chez lui, comme c’était le cas avec Ronaldinho, c’est son amour pour le jeu. Kylian, lui, il veut juste jouer, dribbler, comme un gamin dans la cour d’école. » Griezmann ne s’en plaindra pas.

Raymond Kopa ()

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