Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Un champion du monde au poil!

- RAPHAËL COIFFIER

Adil Rami porte aujourd’hui la plus célèbre moustache du monde. Il n’a pourtant pas marqué en finale contre les Croates. Il n’a même pas foulé une pelouse de Russie. Ou plutôt si, lors des entraîneme­nts. Avec les coiffeurs… Mais qu’importe, le gamin du quartier de l’Agachon a lui aussi soulevé la coupe au soir du 15 juillet. Fier comme un bartabac à Moscou. Avec bonheur et une simplicité jamais fissurée… Lui, le Fréjusien d’adoption – il est arrivé à l’âge de 5 ans de Bastia – en aura parcouru du chemin avant de toucher les étoiles. La deuxième, brodée sur sa poitrine généreuse. La première pour l’ancien mécanicien de la ville de Fréjus. Que le maire, Élie Brun, avait changé de service à l’époque. De l’aube à midi, Adil effaçait alors les graffs sur les murs. Avant d’effacer la fatigue d’une courte sieste pour courir à l’entraîneme­nt.

Gravure de mode mais pas que…

À l’époque, le petit de Rhamouna, sa tendre maman, taquinait la balle en CFA. À l’Étoile sportive de Fréjus. Sans penser un instant à des lendemains enchantés. Or, en juin 2007, il signe son premier contrat profession­nel avec Lille. L’histoire était en marche. Le Varois sur le chemin des grands de la planète foot… Du Nord, il partira en Espagne, à Valence. Puis fera un crochet à l’AC Milan avant de poser ses valises au FC Séville, club avec lequel il décrochera la Ligue Europa en 2015-2016. Enfin, le mousquetai­re des Bleus reviendra au pays. Non loin de ses premières amours de jeunesse, à Marseille la passionnée. Les sélectionn­eurs Domenech, Blanc, Deschamps ont cru alors en ce grand gaillard aux allures de playboy. En ce compagnon d’une certaine Pamela Anderson. En cette gravure de mode que vont s’arracher les barbiers, mais pas que… Car Rami, ce n’est pas uniquement une moustache porte-bonheur. C’est un bonhomme comme on dit dans le jargon. Un roc en défense. Un complice en coulisse. Un tantinet chambreur. Pavard le Tuche en sait quelque chose !

Un défi gigantesqu­e

Sauf que le Varois s’est mis dans un sacré pétrin puisqu’il avait juré de défier Teddy Riner en cas de sacre mondial. « Il va me tuer. Je suis mort, mais ça ne m’enlèvera pas mon titre de champion du monde » se marrait-il bercé par la douce folie moscovite. Il n’enfilera donc qu’une fois le kimono. Et peut-être plus du tout le maillot tricolore. À 32 ans, la retraite se promène dans un coin de sa tête. Même s’il a encore du jus pour l’OM. « Je sais qu’il faut que je laisse ma place en équipe de France. Après, si le sélectionn­eur me demande de revenir pour apporter mes atouts, je pourrais le faire. Car même si je ne suis pas le meilleur défenseur du monde, j’ai d’autres qualités… » Des qualités humaines indéniable­s qui lui ont permis d’aller si haut. Sans se prendre pour un autre. Rami est ainsi. Franchemen­t, un mec au poil. Un champion du monde que toute une ville, Fréjus, attend de pied ferme…

 ?? C. Dodergny) ?? Le Fréjusien Adil Rami, avant la deuxième étoile.(Photo
C. Dodergny) Le Fréjusien Adil Rami, avant la deuxième étoile.(Photo

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