Violences à l’Ariane à Nice: trois jeunes gens condamnés à des peines de prison ferme
Audience sévère pour des sales gosses. Trois jeunes gens au casier judiciaire vierge étaient jugés hier par le tribunal correctionnel de Nice pour leur participation aux violences qui avaient terni l’après-match, dimanche, dans le quartier de l’Ariane. En comparution immédiate: Kalede, 22 ans, sa petite amie Maëlys, tout juste 18 ans, et leur copine Alicia, 21 ans. Devant les caméras de vidéosurveillance, il jouait au fier-à-bras tandis qu’elles laissaient éclater leur joie. Cette fois, une vitre les sépare. Celle du box où Kalede se tient penaud, après sa première nuit en détention. Elles deux se présentent libres. Conscientes, mais un peu tard, d’avoir commis une grosse, très grosse bêtise. Que voit-on sur les images? Une scène de guérilla urbaine, rue Anatole-de-Monzie, une heure après le coup de sifflet de la finale du Mondial. Kalede, torse nu, son tee-shirt sur la tête, aide des gamins du quartier à mettre le feu, au propre comme au figuré. Circonstance aggravante: ces gamins, il les connaît. Étalagiste le matin dans une grande surface, il les encadre l’après-midi en qualité d’animateur bénévole censé, naturellement, donner l’exemple. «Inadmissible!», s’emporte la présidente Laurie Duca. Elle décrit les photos qui le montrent occupé à lancer une bouteille en verre sur les forces de l’ordre ou leur faisant face, poings levés, en signe de défi. Pourquoi? «Pour qu’ils reculent. Pour qu’ils s’en aillent.» La présidente, outrée : «Ils n’allaient pas laisser brûler l’Ariane, tout de même!» Pourtant, si l’on en croit ce natif de Mayotte au parcours erratique, l’offensive était préméditée. Des minots de 10 à 13 ans avaient prévu de reproduire «ce qu’il se passe généralement au réveillon». L’animateur l’avoue avec une sincérité confondante: «Dès le match terminé, les petits se sont chauffés. Et ils ont commencé à tout cramer. Au début, j’ai essayé de les arrêter. Mais ils sont devenus incontrôlables et j’ai été pris dans l’émotion de la victoire…»
Trois coups de feu
C’est d’ailleurs un mineur qui, vers 20 h, a fait usage d’un pistolet, tirant trois fois en l’air devant les policiers. Identifié et déféré, ce mini-caïd en claquetteschaussettes devra répondre de ses actes devant le tribunal pour enfants. L’arme n’a pas été retrouvée. Mais elle a transité par le coffre de la Twingo de Maëlys et s’est retrouvée entre les mains d’Alicia, comme en témoigne la vidéosurveillance. La présidente a voulu diffuser les images «pour montrer à quel point on peut être violent, à quel point on n’en a rien à faire d’autrui». Elle a changé d’avis. Mais tance ces deux jolies filles à la mine abattue. « Comment se fait-il que, devant des événements aussi graves, il n’y ait pas eu de rempart? Aucune frontière entre le bien et le mal? Entre la légalité et l’illégalité?» Les excuses bredouillées sont confuses. Maëlys: «C’est juste que sur le moment, j’ai vraiment pas réfléchi.» Elle a cependant pris le temps de partager quelques clichés sur un groupe Snapshat faisant, selon la présidente, «l’apologie du trafic de stupéfiants et du dégommage de flics». Si Maëlys veut devenir aide-soignante, Alicia a créé deux petites entreprises employant huit salariés. Aucune condamnation, pas plus que Kalede, d’ailleurs, qui le promet: «Je ne recommencerai jamais de ma vie.» Quand la présidente lui demande ce que vaut un tel comportement, il répond, contrit: «Rien…» Elle insiste. Lui: «Six mois?» Silence embarrassé. «Deux ans?» «On a du mal à croire à leurs excuses», objecte la procureure Valentine Vinesse en désignant les jeunes filles «venues au spectacle» et qui s’en sont « amusées». Devant des réquisitions lourdes (deux ans pour lui, un an pour elles), la défense a fort à faire. «Mauvais moment, mauvais endroit», tente une avocate en sollicitant la clémence des magistrats. « J’ai honte », conclut Maëlys, condamné comme Alicia à un an, peine pouvant être exécutée sous le régime du bracelet électronique. Pour Kalede, retour en cellule avec dix-huit mois d’emprisonnement ferme.