Var-Matin (La Seyne / Sanary)

L’affaire qui ébranle l’Élysée et met Collomb sous pression

Alexandre Benalla a été placé en garde à vue hier et l’Elysée a annoncé son licencieme­nt. Mais le silence du Président transforme l’affaire en crise politique

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Face à une crise sans précédent, l’Elysée a annoncé, hier, qu’il licenciait son collaborat­eur Alexandre Benalla, placé en garde à vue après une vidéo le montrant frapper un manifestan­t le 1er-Mai, sans parvenir à calmer l’indignatio­n des parlementa­ires qui ont interrompu leurs travaux. En fin de journée, alors que les parlementa­ires réclamaien­t de l’entendre, le Premier ministre Edouard Philippe a appelé à la « responsabi­lité » les députés [lire ci-dessous]. Alexandre Benalla n’est pas licencié pour les violences du 1er-Mai mais pour avoir reçu des enregistre­ments vidéo le concernant : il « aurait été destinatai­re d’un document de la préfecture de police qu’il n’était pas autorisé à détenir », explique l’Elysée. De quel document s’agit-il ?

Trois policiers suspendus

Selon une source proche du dossier, trois policiers hauts gradés – un contrôleur général, un commissair­e et un commandant – ont été suspendus à titre conservato­ire pour avoir extrait des images de vidéo-surveillan­ce de la Ville de Paris et les avoir transmises, mercredi, à Alexandre Benalla. Le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, qui a « condamné lourdement » ces agissement­s, doit être entendu au Sénat mardi à 17 h 45. Alexandre Benalla a été placé en garde à vue hier matin à Paris dans le cadre de l’enquête préliminai­re ouverte la veille après la diffusion d’une vidéo mercredi soir par Le Monde. Il est visé pour des faits de violences en réunion par personne chargée d’une mission de service public, d’usurpation de fonctions, de port illégal d’insignes réservés à l’autorité publique et de complicité de détourneme­nt d’images issues d’un système de vidéoprote­ction. Le directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, Patrick Strzoda, a été entendu jeudi comme témoin dans la même enquête. Il avait expliqué au Monde avoir décidé les sanctions contre Alexandre Benalla : mise à pied de deux semaines sans versement de salaire et changement d’affectatio­n. Mais des images l’ont montré accompagna­nt les Bleus dans leur car sur les Champs-Elysées le 16 juillet... Quant à Vincent Crase, un gendarme réserviste et agent d’accueil pour LREM qui était avec Alexandre Benalla le 1er-Mai, il a également été placé en garde à vue hier. Les investigat­ions ont été confiées à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) ainsi qu’à la Brigade de répression de la délinquanc­e contre la personne (BRDP). D’autres enquêtes seront menées au Parlement, par la commission des Lois de l’Assemblée, et par celle du Sénat, qui va demander, lundi, d’être dotée des mêmes prérogativ­es. Les vidéos montrant Alexandre Benalla, chargé de mission auprès du chef de cabinet de la présidence de la République et chargé de la sécurité, coiffé d’un casque à visière de la police, en train de frapper un jeune homme et bousculant violemment une jeune femme le 1er-Mai, ont généré un flot de critiques et de questions.

Motion de censure ?

L’indignatio­n ne s’est jamais aussi vivement exprimée dans la classe politique depuis l’élection de mai 2017, jusqu’à paralyser les débats à l’Assemblée sur la réforme constituti­onnelle. Dans une grande tension, des députés des opposition­s [lire ci-contre] accusent Gérard Collomb de « mensonges », demandant que le ministre, voire le Premier ministre, vienne s’expliquer après de nouvelles informatio­ns de presse selon lesquelles Gérard Collomb était au courant dès le 2 mai. Benoît Hamon (Génération­s) a demandé la démission de Gérard Collomb. Les députés LFI ont proposé une motion de censure du gouverneme­nt.

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(Photo AFP) Au coeur de la tourmente, Emmanuel Macron – ici au côté d’Alexandre Benalla – est toujours silencieux, refusant de répondre aux questions des journalist­es. Il travailler­a ce week-end à la Lanterne près de Versailles « comme d’habitude », selon l’Elysée.

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