Une vision du bonheur sur terre...
La fresque de la salle correctionnelle est une explosion de couleurs. S’y mêlent des silhouettes de promeneurs, et incrustée au beau milieu, une barque à rames, occupée par deux personnages qui ne semblent pas d’accord sur la direction à prendre. De grandes traînées lumineuses sont comme projetées par-dessus. A gauche de la fresque, une maxime : « Tout homme est présumé innocent. »
Des hommes libres
« J’ai fait, comme souvent dans mes tableaux, une foule de passants pacifiques. Ceux-ci, je les ai observés sur les Champs-Élysées. « Auparavant tous mes personnages étaient rouges, de la couleur ouvrière des luttes sociales passées. Là, ils sont multicolores. Ils ont l’indépendance de chaque individu, bien qu’ils soient tous ensemble. »
La barque
L’embarcation au milieu est une barque étrusque. Elle figure sur une fresque de l’une des nécropoles étrusques de Monterozzi, près de Tarquinia, entre Rome et la Toscane. « C’est la tombe de la Chasse et de la Pêche, du VIe siècle avant J.-C. « Sur cette barque, ce sont des enfants entourés de poissons et d’oiseaux. L’un des enfants lève les bras vers les oiseaux, l’autre est penché vers les poissons. « Cette image de la banalité quotidienne de promeneurs, sur les Champs-Élysées ou ailleurs, mélangée à cette barque étrusque, modèle d’un bonheur possible sur la terre, me plaisait bien. »
L’écharpe d’Iris
« Et je leur fais, en quelque sorte comme Iris la messagère de l’Olympe, distribuer de la poudre d’arc-en-ciel pour signifier que l’homme est bon. C’est ce que j’ai cru en 68. Je ne le crois plus. « Les Étrusques ont pendant six siècles créé une civilisation du bonheur sur terre. Parler de ce bonheur possible, à partir du moment où tout le monde est présumé innocent, ça m’intéressait. »