Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Angélique Kidjo et Ibrahim Maalouf, au royaume de Saba

- Est-ce que le duo Dizzy Gillespie et Myriam Makeba vous a inspirés ? Comment avez-vous travaillé le costume d’Angélique Kidjo pour incarner la reine de Saba ? ROBERT YVON ryvon@nicematin.fr Votre définition du jazz ? Nice ou Antibes ?

Angélique Kidjo et Ibrahim Maalouf

se sont associés à Juan-les-Pins pour un projet écrit par la chanteuse béninoise sur le thème de la reine de Saba. Un concert exclusif, à Juan, vendredi soir. Et un enregistre­ment de disque au menu.

Tout pourrait séparer musicaleme­nt Ibrahim Maalouf et Angélique Kidjo. Et pourtant. Un projet musical inédit sur le thème de la reine de Saba a été coécrit par les deux artistes, et joué vendredi soir en exclusivit­é à Juanles-Pins avec l’orchestre de Cannes Paca. Une rencontre inédite qui fera l’objet d’un futur album. Mais avant ça, les deux artistes, complices, se sont livrés de longues minutes. Alors comment vous êtes-vous rencontrés ? Angélique Kidjo : Je l’ai rencontré à New York. Il était en concert dans un club et j’étais dans la salle. On nous a présentés. Il a fait semblant de ne pas être impression­né. On a commencé à parler. On s’est vus ensuite pour parler longuement de musique. Ibrahim Maalouf : J’étais très impression­né en voyant Angélique. Quand on s’est revus, elle est arrivée avec cette idée de créer un spectacle autour de la reine de Saba. J’ai trouvé l’idée de cette romance excellence. Je lui ai demandé d’écrire les textes qui ont été pour moi très inspirants. Ensuite, je lui ai donné une deadline pour créer un spectacle sous forme de sept énigmes, sept tableaux. C’est un chiffre rond, cela me plaisait. C’est la troisième fois qu’on présente ce spectacle aujourd’hui avec des orchestres différents pour nous accompagne­r. Nous avons travaillé quelques jours avant le concert avec l’Orchestre de Cannes. Ce sont des musiciens de très haut niveau, qui ont le sérieux de travailler sur un projet essentiell­ement rythmique. On est sur un mélange de deux continents, le rythme est donc capital. C’est là où le challenge est difficile pour des musiciens classiques. Dans les orchestres, on développe davantage l’harmonie. Alors notre pari n’était pas simple pour eux. Ibrahim Maalouf : Elle n’a pas de costume. Sa tenue, c’est finalement celle de sa vie de tous les jours. Un peu comme moi quand je porte des baskets sur scène. Pourquoi mettre une tenue, un déguisemen­t ? Finalement ce qui touche le public, c’est de rester soi-même, avec sa manière d’être. Quand Angélique se met à danser, c’est sa vie, sa personnali­té. Elle ne fait pas du cinéma. Angélique Kidjo : On me dit souvent pourquoi tu t’habilles en Africaine sur scène. Et je réponds à chaque fois parce que je trouve que les tenues africaines sont belles. J’aime les couleurs de mes habits. Finalement, j’ai eu cette vision de la reine de Saba en Afrique qui va voir le roi Salomon dans sa tenue de tous les jours. On n’est plus soi-même quand on commence à changer de peau. Classique ou jazz ? Angélique : c’est très important que toutes les musiques se rencontren­t aujourd’hui. Le classique n’est plus une musique pour des initiés à partir du moment où elle est enseignée à l’école. Notre rôle, c’est de créer des ponts entre les musiques. Ibrahim : Il y a plusieurs écoles dans le jazz dont celle que je défends : une sorte de jazz inclusif et progressis­te. Angélique : une culture prête à se métamorpho­ser en permanence. Ibrahim : Joker. C’est une région très riche où j’ai été découvert quand j’avais  ans. De nombreux musiciens doivent leur carrière à la Côte d’Azur. C’est la Méditerran­ée, et cela ressemble au Liban. J’adore ces deux villes.

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(Photo Robert Yvon) (ici à l’hôtel AC Ambassadeu­r)

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