Le projet de révision constitutionnelle suspendu jusqu’à nouvel ordre
L’affaire Benalla aura eu raison, au moins provisoirement, du projet de révision constitutionnelle voulu par Emmanuel Macron et dont l’examen, déjà compliqué, a été, hier, suspendu jusqu’à nouvel ordre, après un blocage inédit de l’Assemblée nationale. L’hémicycle était en état de « siège » depuis les révélations sur l’ex-collaborateur du chef de l’Etat, selon les termes d’une élue LREM. L’air grave, la garde des Sceaux Nicole Belloubet a annoncé en fin de matinée la suspension des travaux et souhaité que l’examen de la révision, qui en était à son onzième jour d’affilée, reprenne « ultérieurement dans des conditions plus sereines ». Une décision qui a été applaudie par des députés de tous bords avant la levée de la séance, alors que depuis la matinée, les « rappels au règlement » s’étaient à nouveau succédé, atteignant depuis jeudi le nombre record de 298. L’opposition plaidait depuis près de trois jours qu’il était impossible de débattre d’un tel texte constitutionnel « au milieu de cette crise profonde ». Et d’accuser le gouvernement d’être « en pleine déroute » (Christian Jacob, LR), la majorité de prendre les élus « pour des gamins de quatre ans » (Marine Le Pen, RN), ou de laisser les Français « sidérés » (Christine PirèsBeaune, PS).
« Ils nous font chi.., donc on les fait chi.. aussi »
«Maintenant ça suffit, vous êtes en boucle », leur avait répliqué dans la matinée la «marcheuse» Coralie Dubost, une autre élue évoquant un «Muppet show». Marc Fesneau (MoDem) dénonçait une « forme de chienlit » et Richard Ferrand (LREM) des « outrances ». La majorité, après une réunion à huis clos samedi soir, avait affiché pour mot d’ordre de « ne pas lâcher ». « Ils nous font chi.., donc on les fait chi.. aussi », avait glissé un ténor. Mais il fallait « mettre fin au cirque » ,a affirmé une source dans la majorité, au vu de la situation inédite de blocage « de tous les groupes d’opposition ». Dénonçant «une hyper-présidentialisation », plusieurs ont trouvé dans l’affaire Benalla un argument supplémentaire pour repousser un texte qui «affaiblit le Parlement », le socialiste Olivier Faure y voyant l’illustration du « danger de laisser un exécutif tout puissant ». Jean-Luc Mélenchon (LFI) s’est félicité sur Twitter de cette mise «au congélateur » du texte, fustigeant les « Pieds nickelés » de la « macronie ». M. de Rugy doit consulter les présidents de groupe et le gouvernement pour organiser les débats « des deux prochaines semaines», soit d’ici à la pause estivale.