Var-Matin (La Seyne / Sanary)

En opération avec les policiers de La Ciotat

- Reportage : Jean-Marc VINCENTI jmvincenti@nicematin.fr Reportage photos : Frank MULLER

Exclusif Une quinzaine de policiers ciotadens et marseillai­s ont opéré jeudi soir un contrôle dans un bar à chicha du centre ancien où ils ont trouvé de la drogue et arrêté le gérant. Var-matin était avec eux. Immersion…

Bingo ! Jeudi soir, une première opération policière coup-depoing symbolique se solde par un succès. Sur réquisitio­n du procureur de la République de Marseille, elle est diligentée et dirigée par le commissair­e Matthieu Valet (voir interview ci contre). En moins de deux heures, le gérant d’un bar à chicha du Vieux La Ciotat, dont l’établissem­ent est ciblé par les forces de police, est placé en garde à vue pour « trafic de stupéfiant­s, ouverture illégale de débit de boissons et détention de munitions d’arme de guerre ». Des munitions de calibre 357 (arme de guerre catégorie 1) que les policiers découvrent en perquisiti­onnant hier matin au domicile du gérant, où ils trouvent également 200 grammes de cocaïne, 30 grammes de résine de cannabis et 500 euros en espèce. L’établissem­ent a été administra­tivement fermé.

« On fige la scène ! »

Dans la nuit d’avant-hier à hier, pour frapper en force, les policiers du commissari­at de La Ciotat (tous services confondus) reçoivent le renfort d’éléments de la brigade anti criminalit­é (Bac) centre de Marseille, commandés par la capitaine de police Laure Gambini, et de leurs homologues du groupe “débits de boissons“de la direction centrale de Marseille, aux ordres du commandant Christelle Lamy. À 22h40, cette dernière transmet son expérience du réputé hostile terrain marseillai­s en animant le briefing dans la salle de réunion du commissari­at. Pas de place pour le hasard : « On contrôle tout le monde. Les effectifs en civil rentrent en premier, sécurisent et figent la scène. Les effectifs en tenue suivent, bloquent les entrées et les sorties. Les identités des gens présents, à l’intérieur comme à l’extérieur, sont contrôlées », explique-t-elle à la quinzaine de policiers présents, à l’écoute et concentrés, dont les municipaux de La Ciotat, associés. Leur connaissan­ce du terrain est particuliè­rement utile lorsque les discussion­s s’engagent sur la meilleure façon d’investir la place sans se faire repérer par les lanceurs d’alerte. Dans un centre-ville piéton animé de surcroît par le marché nocturne du port proche. Une dernière mise en garde du commandant Lamy : «Attention ! On ne sait pas où on va ! On n’est pas à l’abri. Ici, ils n’ont pas l’habitude des contrôles. Tout le monde reste sur ses gardes!». Et c’est le top départ.

« J’ai  pièces d’identité, il doit y avoir  personnes »

Il est 23 heures passées. Les forces de l’ordre stationnen­t leur véhicule – standards et banalisés – sur la place Esquiros, à quelques centaines de mètres de leur cible – sur une placette à 100 m du Port Vieux – qu’ils rejoignent d’un pas rapide. « Bonsoir. Contrôle de police. Coupez la musique et allumez la lumière ! ». Le premier acte se joue comme prévu. La scène une fois “figée” par les policiers en civil, leurs collègues en tenue les suivent à l’intérieur. Les municipaux sécurisent l’extérieur. «J’ai douze pièces d’identité, il doit y avoir douze personnes», crie un policier, qui a collecté les papiers en comptant les présents. Tous sont palpés par un fonctionna­ire qui s’assure qu’ils ne sont pas porteurs d’une arme. Dehors, une policière de la Bac, téléphone sur l’oreille, passe chaque identité au crible du “fichier” avant de “libérer“les clients.

Résine de cannabis pochon de cocaïne

Certains osent des plaisanter­ies sans conséquenc­e. D’autres se font rappeler à l’ordre (« Je ne vous le dirai pas une troisième fois : éteignez votre cigarette »). Même le gérant, derrière son comptoir, qui, en tranquilli­sant sa compagne («Mais arrête de pleurer ! ») accentue le désarroi de celle-ci. Il est stoppé à plusieurs reprises dans ses tentatives : «Vous vous taisez! Ici, c’est nous qui avons le dernier mot ! ». Derrière le comptoir, justement, la perquisiti­on menée change la donne. Les policiers, qui ont recensé des bouteilles d’alcools vendues illiciteme­nt (sans licence), mettent aussi la main sur six ou sept petits pains de ré- sine de cannabis ainsi que sur des “barrettes” conditionn­ées en sachets pour être vendus 20 euros pièce. Soit 150 g en tout. Le gérant, qui reconnaît les faits, avoue même, devant l’insistance policière, la présence probable de cocaïne : « Pour ma consommati­on personnell­e, il m’arrive de “taper” pour tenir les journées et les nuits ici ». Les policiers, qui l’interrogen­t en vain sur la provenance de la drogue, mettent au jour un pochon de 10 g de cocaïne. «Je ne suis plus allé à Marseille depuis 4 ans!» ,jurele gérant qui, cinq jours avant, aurait eu, dans la cité phocéenne, maille à partir avec une policière présente pour une affaire de violence conjugale... Le suspect, très calme, est menotté. Sa compagne craque et sort du bar. Dehors, le commissair­e Valet a le dernier mot d’une longue altercatio­n verbale musclée avec un couple de vacanciers résidant au premier étage de l’immeuble du bar à chicha. Un passage de Rex, le chien brigadier, qualifié “antidrogue” de la police municipale, pour qui tout semble en ordre, et l’opération se termine. Il est 1 heure du matin. Les bouteilles d’alcool et les stupéfiant­s sont saisis, le suspect est conduit au commissari­at. « Ça ne fait que commencer », conclut le commissair­e Valet qui, déjà, anticipe d’autres actions.

“Contrôle

de police! Coupez la musique et allumez la lumière!”

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Dans le bar à chicha contrôlé, duquel les clients sont partis, le gérant assis et menotté est questionné par un policier tandis que d’autres poursuiven­t leurs perquisiti­ons.
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À h, le briefing dans la salle de réunion du commissari­at de La Ciotat, en présence des équipes mobilisées dans l’opération.
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Les policiers marchent vers leur cible : un bar à chicha ouvert près du Port Vieux.

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