Contrainte de garder de la drogue dans une cité de Toulon
« Pourquoi n’avez-vous pas déménagé ? » Question abrupte du tribunal, à l’audience jeudi matin. Une prévenue de 29 ans a stocké de la drogue pour le compte de dealers locaux, dans la cité de la Closerie à Toulon. Le trafic s’organise au pied d’un bâtiment – « un point de vente actif ». Lorsque les policiers débarquent, le 25 mai dernier, les cris des guetteurs donnent l’alerte. Comme c’est l’usage. Mais un voisin confie un tuyau. Et désigne un appartement où les dealers iraient se cacher.
« Depuis quand ? » « Le jour même »
Fructueuse, la perquisition met au jour 460 g de cannabis avec des sachets, rangés dans un sac de sport sous une chaise de la cuisine. En plus de 180 g de stups dans la boîte aux lettres. Comme c’est souvent le cas, la prévenue affirme qu’elle a été obligée de garder la drogue, sous la menace. « Depuis quand ? »« Le jour même. » Et cette réponse agace, car le tribunal n’y croit pas. Alors, Alison L. raconte, les pressions, « ils m’ont attrapée à la gorge », son mari « frappé au mois de mars », les menaces – « Je sais où tes enfants sont à l’école». Mais de preuve, elle n’a point. Évidemment.
« Quatre demandes de déménagement »
Sa bonne foi, elle cherche à la prouver. La drogue, « elle n’y touche pas ». Elle n’a pas fait obstruction à la police, au contraire. « Elle a fait quatre demandes de mutation aux HLM, plaide son avocat, elle veut s’extirper ». Le tribunal doute. « Aux audiences, on entend à chaque fois que tout le monde est contraint, que personne ne veut le faire. Mais le trafic se porte toujours bien .» Pour le ministère public, « sans appartement nourrice, pas de trafic». Autrement dit, ces bases arrières sont indispensables au deal de rue. Un maillon de la chaîne, un cran de responsabilité. En même temps, Alison L. n’a aucun casier judiciaire. Elle écope de dix mois de prison avec sursis. Mais tout aussi crucial, elle vient de recevoir une réponse positive. La famille va enfin pouvoir déménager.