L’extension XXXL de Monaco est déjà impressionnante
Le premier des dix-huit caissons formant la ceinture protectrice de l’extension en mer est en place. Un chantier de deux milliards d’euros qui s’achèvera début 2020
Au pied d’un navire de croisière voguant par là, il paraîtrait presque rikiki. Pourtant, la bête – que dis-je l’iceberg – en béton armé a de quoi imposer. Un beau bébé trapézoïdal de presque dix mille tonnes aux folles mensurations. Vingt-sept mètres de hauteur pour 28 de côté et 3 800 m3 de béton utilisés pour sa fabrication. Dans le jargon technique du chantier pharaonique de l’extension en mer, on parle de « caisson ». Le premier, celui-là, est arrivé dimanche dernier au petit matin du port de Marseille, où dix-sept autres vont accoucher du Marco Polo (1), le caissonier dans lequel ils sont fabriqués.
« La première étape visible »
Début 2020, ces dix-huit parpaings géants délimiteront les nouvelles frontières de la Principauté. Six hectares de plus pour ce futur éco-quartier répondant au doux nom d’Anse du Portier. Ils formeront, aussi, une ceinture de protection, un rempart indispensable contre les effets de houle. Grâce, notamment, aux chambres d’amortissement qui absorberont les vagues susceptibles de frapper le littoral. Cette semaine, donc, le premier de ces caissons a été inauguré en grande pompe par le prince Albert II. « C’est une étape importante. Ces caissons formeront la base, le socle de cette extension en mer. C’est la première étape visibl e,a réagi le prince Albert II. Il y a eu un long et considérable travail sous la mer pour protéger les espèces et préparer l’assise. » En effet, jusqu’alors, l’essentiel des travaux s’est déroulé sous la surface de l’eau. À l’abri des regards, si ce n’est le ballet incessant des navires et engins de chantier. Retrait des enrochements au fond de l’eau, dragage des sédiments pollués, mise en place du remblai sur lequel la ceinture de caissons prendra place…
« % du chantier »
« On est aujourd’hui à 50 % du chantier », affirmait, mercredi en conférence de presse Philippe Bonnave, le P.-D.G de Bouygues Construction. Rien que l’infrastructure maritime coûtera un milliard (sur les 2 milliards injectés). « Les caissons vont arriver au rythme de deux par mois. Ce fut une opération délicate de les acheminer jusqu’ici, mais il n’y a aucun danger pour l’environnement », rassure-t-il. Il semblerait même qu’au-delà de leur fonction protectrice, les caissons auront une vocation d’équilibre écologique du futur site. « Une finition spécifique est réalisée pendant la construction. Il s’agit de sculpter des rainures de 15 mm de profondeur et de créer une granularité sur la surface lisse qui permettra l’accroche des espèces sur les parois verticales », confie-ton du côté de l’Anse du Portier. Par ailleurs, des modules à cavité, des herbiers artificiels, des filets, des murets rocheux et des gabions seront ultérieurement installés sur les façades et dans les chambres pour permettre le développement d’habitats artificiels et la colonisation de cette surface par différentes espèces de faune et de flore. 1. Contraction de Monaco et
pays dans lequel a été fabriqué l’engin.
Pologne, Marseille,