Hollande-Gayet amateurs d’« Art » à Ramatuelle
Ni annonce ni discours pour l’ex-chef de l’Etat qui est arrivé au dernier moment au côté de Julie Gayet, avec qui il a apprécié, à leur juste valeur, les leçons tirées de la pièce de Yasmina Reza
Charles Berling nous le confiait comme une boutade lors de la rencontre d’avant spectacle (lire nos éditions d’hier). « L’auteure, Yasmina Reza, n’est pas là ce soir, mais elle a toujours des émissaires dans la salle ! » L’émissaire en question se logeaitil, samedi soir, dans la personne de François Hollande ? On en doute, mais en tout cas, l’ancien président, qui dédicaçait son livre hier matin à Saint-Cyr, est bel et bien apparu au dernier moment, accompagné d’une Julie Gayet radieuse au Festival de Ramatuelle pour applaudir Art.
Arrivé dans le noir
Si le prédécesseur d’Emmanuel Macron, teint ultra hâlé, a posé volontiers dans l’espace VIP avec l’équipe du festival – duo Franjou/Boujenah en tête – ou le maire de Ramatuelle, la discrétion était la plus totale au moment de pénétrer dans l’hémicycle culturel, s’asseyant au premier rang, à gauche... Juste après le speech de Michel Boujenah, au moment où la lumière s’éteint pour laisser la place aux comédiens, dont Charles Berling qui l’avait soutenu en 2012.
Une amitié en lambeaux
Voir pour la troisième fois Art, après sa création parisienne avec jadis le trio Luchini-Arditi-Vaneck, puis la mouture ramatuelloise voici vingt ans avec les mirobolants Trintignant-Rochefort toujours face à Pierre Vaneck, sonnait finalement comme des retrouvailles réjouissantes. Même si l’imaginaire vagabonde différemment avec la nouvelle mouture Berling-Darroussin-Fromager, ces copains de trente ans dont l’amitié part en lambeaux et qui vont se refaire le portrait suite à l’achat d’une toile contemporaine entièrement blanche, suscite toujours autant de rire et réflexion. Très vite le vernis craque entre le dermato à fleur de peau qui défend sa trouvaille artistique (Alain Fromager), l’ingénieur fanfaron épidermique qui le conspue (Charles Berling) et le papetier un brin voûté qui joue les médiateurs (Jean-Pierre Darroussin, Molière 2018 du comédien pour ce rôle).
Portrait façon puzzle
Ce qui apparaît alors en creux n’est autre que le portrait façon puzzle d’une Yasmina Reza qui à travers ses personnages se joue d’elle-même. Et d’un milieu qui se regarde le nombril. En fin de représentation, le couple Hollande-Gayet s’en retourne visiblement satisfait d’avoir pu « franchir la ligne blanche » d’une sortie sous le ciel étoilé varois, sans tomber dans la toile des fâcheux.