Un petit regain depuis deux ans
« Il y a 20 ans, nous éditions des collections complètes, au moins trois ou quatre différentes pour chaque ville », mais ce temps est bien loin. David Léveillé est gérant de la société Aris, « éditeurs de cartes postales depuis 1938 », installée à Bandol dans le Var. Il continue d’en proposer deux ou trois dans son catalogue, l’une est couchée sur une planche à voile, « mais attention, en maillot ». Une autre, seins nus, fait face à un coucher du soleil. Pour lui, rien à voir avec ces cartes à l’humour gras, « vulgaires, pas drôles », pointées du doigt par Femmes Solidaires. « Je n’aurais jamais vendu ça. Il y a femme nue et femme nue ». Leur diffusion est anecdotique, un millier d’écoulées, quasiment rien pour l’un des poids lourds régionaux du secteur. Ces cartes postales dénudées ont pourtant pesé jusqu’à 15 % de l’activité. Un truc de copains, pour amuser ceux restés au boulot. Mais c’était avant Internet, avant Facebook, avant Instagram quand l’on timbrait ses messages au tarif lent avant de les confier à une boîte aux lettres, sans savoir quand ils arriveraient à destination. Pendant deux décennies, les Français en vacances s’en sont complètement détournés. « Ce n’est que depuis un an ou deux que l’on nous en redemande », même si c’est en quantité infinitésimale. Aris s’est adapté : plus de magnets et de mugs décorés, beaucoup moins de cartes postales. « Moitié moins qu’il y a 20 ans ». Et celles qui ont du succès ne heurteront aucune sensibilité, même si ceux et celles qui plaisent autant sont souvent à poils : des chats, des chiens, et surtout « des dauphins ».