Var-Matin (La Seyne / Sanary)

500 personnes rendent hommage à Demba Touré

Réunies autour de la famille de la victime, quelque 500 personnes ont participé hier à une marche blanche à la mémoire du jeune homme assassiné samedi dernier d’une rafale de kalachniko­v

- P.-L. PAGÈS plpages@varmatin.com

«Je ne savais pas à quel point Demba était aimé, à quel point il était connu. C’est la preuve que mon fils était quelqu’un de bien ». Hier, en fin de matinée, Pape Touré, le père du jeune Seynois, fauché samedi dernier en plein centre-ville par une rafale de kalachniko­v, était effondré, évidemment. Mais aussi fier de son fils. Et ému par la foule venue rendre un dernier hommage à son enfant trop tôt disparu. La justice devra bien sûr faire toute la lumière sur cet assassinat que personne ne s’explique dans la cité Berthe. Mais les quelque 500 personnes venues participer hier matin à la marche blanche en disent long sur l’immense sympathie qu’inspirait Demba. Et plus généraleme­nt sa famille.

« Il ne traînait pas dans les sales histoires »

Croisée place Saint-Jean, en plein coeur de la cité Berthe, vêtue comme beaucoup d’un T-shirt blanc floqué du message “Demba Touré 1994-2018 - À jamais dans nos coeurs ”, Elsa Simon, une amie de Poullo, l’un des grands frères de Demba, confie : « Je le connaissai­s. Je l’ai vu grandir. Et je peux vous assurer que Demba ne traînait pas dans les sales histoires ». Et c’est justement « pour que sa mémoire ne soit pas salie » que la jeune femme, visiblemen­t émue, a répondu présent à l’appel des parents du défunt. Elle n’est pas la seule. Si la communauté sénégalais­e, pays d’origine de la famille Touré, est fortement représenté­e, c’est tout un quartier, toute une ville, et même au-delà, qui a tenu à témoigner de sa solidarité envers une famille accablée par la douleur. « Je ne connaissai­s pas Demba, mais je suis ici pour soutenir sa famille. Ce qui est arrivé à ce pauvre garçon aurait pu arriver à n’importe qui. On est tous concernés, alors c’est bien qu’il y ait du monde», témoigne Malika, ancienne élue à la mairie de La Seyne. Président de l’Amicale des Tunisiens seynois, Ezzedine Aloui est du même avis. Mais a une lecture un peu plus politique. « Je suis venu soutenir la famille de Demba. Un de mes enfants aurait tout aussi bien pu être victime de ces tirs. Il y en a ras le bol. On est un peu oublié dans le quartier. Il n’y a pas assez de sécurité », lâche-t-il, à voix basse, pour ne pas troubler le silence du cortège.

Une extrême dignité

L’image est impression­nante: regroupées derrière une banderole sur laquelle on pouvait lire “Plus jamais ça ”, les quelque 500 personnes participan­t à cette marche blanche ont en effet traversé la cité Berthe sans un bruit. À l’unisson de l’extrême dignité affichée par la famille de Demba. Mais à l’arrivée sur les lieux du drame, boulevard Stalingrad, l’émotion était trop forte. La maman de Demba craque et s’écroule au moment de déposer une gerbe de fleurs. D’autres sanglots se font entendre dans la foule. Au moment de prendre la parole pour remercier ceux qui sont venus, Poullo, l’un des aînés de Demba, a tout autant de mal à retenir ses larmes. Tant bien que mal, il finit par déclarer : «On est les premières victimes d’une minorité qui fait du mal à la cité. Pour la première fois, à 28 ans, j’ai peur de marcher dans le quartier. Mais on n’est pas tous mauvais à Berthe. Naître dans la cité n’est pas une tare. Nous, la famille Touré, on est discret. Alors gardez une bonne image de mon frère et montrez aux gens de l’extérieur qu’on n’est pas des petits merdeux ». Dans la foulée, Hawa, sa soeur, enchaîne : «J’en appelle aux autorités : il faut que cette violence s’arrête, que les trafics cessent. Plus personne ne doit vivre ce que ma mère vit aujourd’hui ».

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(Photos Valérie Le Parc) Dans un impression­nant silence, le cortège, regroupé derrière la famille de Demba, a traversé la cité Berthe jusqu’à l’endroit où le jeune Seynois a été tué samedi dernier.
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A l’issue de la marche blanche, un imam a dit une prière pour la jeune victime Demba Touré.
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Arrivée sur les lieux du drame, la mère de Demba s’est effondrée.

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