LA DISPARITION D’ARTHUR PAECHT ENDEUILLE LE VAR
L’ancien maire de Bandol puis de La Seyne s’est éteint, hier, à son domicile d’Ollioules. Une jeunesse broyée par le nazisme, une carrière de médecin de famille et années d’engagements politiques ont forgé un courage sans pareil. Et dessiné un destin e
Davantage qu’une carrière, c’est un destin hors du commun qu’a connu Arthur Paecht, disparu hier à l’âge de 88 ans. Médecin pendant plus de quarante ans à La Seyne, sa ville d’adoption, Arthur Paecht a aussi mené parallèlement une longue et brillante carrière politique, qui l’a notamment amené à assurer la vice-présidence de l’Assemblée nationale de la France. Un pays dont cet Autrichien de naissance, dont seuls le patronyme et un très léger accent révélaient les origines, avait choisi à la Libération. Il était arrivé en France, dont il ne parlait pas la langue, à l’âge de 9 ans, avant de devenir orphelin. Cumulant divers mandats locaux et nationaux, sans interruption de 1973 à 2014, il a été élu au suffrage universel trois fois maire (deux fois à Bandol et une fois à La Seyne), cinq fois député du Var et six fois conseiller général (voir par ailleurs).
Un Autrichien devenu orphelin pendant la guerre
Arthur Paecht est né le 18 mai 1930 à Vienne, en Autriche, de parents autrichiens. Neuf ans avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Il verra ses parents pour la dernière fois le 13 mars 1939, sur le quai de la gare de Vienne, où il embarque à bord d’un convoi d’enfants pour Paris, muni d’un passeport allemand. Deux ans plus tard, son père, le
procureur général Léon Paecht, était fusillé par les nazis pour avoir siégé lors du procès des assassins – nazis – du chancelier Engelbert Dollfuss, tombé en 1934. Sa mère devait mourir en camp de concentration. À la Libération, l’orphelin choisira de rester en France, car « ce pays qui m’avait sauvé, je l’aimais déjà ». Placé dans une famille d’accueil, Arthur Paecht poursuit sa scolarité au lycée Ingres de Montauban (Tarn-et-Garonne). Puis, il intègre la faculté de médecine de Paris. C’est durant ses études qu’il rencontre Mayotte Pasquini, future docteur en droit, qui deviendra son épouse le 24 décembre 1956 et
partagera sa vie pendant plus de cinquante ans. Mayotte et Arthur Paecht auront deux enfants, Pascal et Valérie, aujourd’hui directrice générale des services de la métropole Toulon Provence Méditerranée (TPM). C’est aussi pendant ses études de médecine qu’Arthur Paecht choisit la nationalité française et l’obtient, à l’époque, sur simple déclaration. Une procédure qui lui a laissé une « frustration », confiait-il au journal Le Monde en 1997 : « J’ai des enfants, des petits-enfants, tous français. De temps en temps, je leur montre les albums de photos, mais il y a une photo que je n’ai pas, c’est celle du jour où je suis devenu français. Je ne peux leur montrer aucun document rappelant ce jour qui a été, après la perte de mes parents, le jour le plus important de ma vie… »
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La Seyne, sa ville d’adoption
Arthur Paecht devenu médecin, c’est à La Seyne-sur-Mer qu’il viendra s’installer à la fin des années cinquante. Dans l’agréable quartier de Mar-Vivo, le jeune couple occupe une villa les pieds dans l’eau où ils résideront jusqu’à la disparition de Mayotte, en avril 2007. Médecin des hôpitaux, spécialiste en médecine interne, Arthur Paecht assurera la fonction de chef de service du centre hospitalier intercommunal de Toulon-La Seyne jusqu’en 1995. Il a également été directeur d’enseignement à la faculté de médecine de Marseille. Au cours de sa carrière, il a édité une centaine de publications médicales. Parallèlement à cette brillante carrière médicale, Arthur Paecht s’est investi dès le début des années soixante-dix dans la vie politique locale. Adhérent de l’UDF, c’est dans le canton de La Seyne qu’il avait été élu pour la première fois, à l’âge de 43 ans. S’en suivront de multiples et divers mandats (conseiller général, député, maire), souvent cumulés, jusqu’en 2008. Cette année-là, un an après la disparition de son épouse Mayotte, Arthur Paecht perd son dernier mandat exécutif, celui de maire de La Seyne. Mayotte disparue, sa carrière politique sur la fin, Arthur Paecht ne cachait alors pas sa lassitude. Il se réjouissait cependant d’être encore régulièrement invité à Paris par des membres de l’Iris (Institut de relations internationales et stratégiques), qu’il a présidé de 2003 à 2005 et dont il avait été nommé président d’honneur. Il y a quelques années, Arthur Paecht s’est remarié et s’est installé à Ollioules oùil s’est éteint, hier, tôt le matin. Juste avant que le soleil se lève, une dernière fois sur un destin romanesque. À ses deux enfants, Pascal et Valérie, ses cinq petits-enfants, Arthur, Jean-Baptiste, Pierre, Lola et Orso, ainsi qu’à tous ses proches, la rédaction de Var-matin présente ses sincères condoléances. 1- Source : Le Monde du 30 novembre-1er décembre 1997.